régence beyrouth

Les neuf traits de l’apostolat social ignatien par Jérôme Gué

régence beyrouthOn croit connaître l’apostolat social. Mais en quoi est-il ignatien ? Le Frère Jérôme Gué sj propose sa réponse en neuf caractéristiques. Un constat, mais surtout un programme.

Dans notre bonne vieille famille ignatienne, de nombreuses personnes s’intéressent aux enjeux sociaux. Au hasard, je cite quelques beaux engagements : un retraité du Mouvement Chrétien des Cadres gère une association d’insertion, une membre de la Communauté de Vie Chrétienne (CVX) est active dans un camp de Roms, un enseignant – retraité d’un établissement jésuite –  devient bénévole dans une école de production, une formatrice de l’Icam envoie et accompagne les étudiants dans des associations, une religieuse ignatienne s’insère dans une communauté en quartier populaire, une éducatrice décide de faire les Exercices spirituels…

N’y a-t-il pas, dans tous ces engagements, des manières  de faire marquées par notre spiritualité et notre pédagogie, et que nous pourrions approfondir ? Nous avons beaucoup de choses à partager, témoigner, réfléchir, célébrer. Voici, sans prétention, neuf caractéristiques que nous avons identifiées :

L’amitié avec tous

Dans nos activités et nos relations, vivre l’amitié avec tous : compagnons de route et (pour reprendre la formule ignatienne) « amis dans le Seigneur ». Être spécialement attentifs à ceux qui sont plus démunis que nous : gratuité de la relation, fraternité. Ainsi, les autres ne sont ni objet de charité, ni objet professionnel, ni moyen pour notre salut, ni cible de notre mission.

Solidarité par le partage

Faire siens les soucis et les espérances de ceux qui ont moins que soi, se rendre proches les uns des autres, jusqu’à changer de mode de vie.

Voir le monde d’un autre point de vue

Quelle que soit notre origine, dépasser le « formatage » de notre milieu social. Que ceux qui sont « installés », notamment, se mettent à l’école de ceux qui vivent l’exclusion : ils ont quelque  chose à dire à tous sur la violence et l’injustice, sur ce que pourrait être une société plus humaine.
Savoir discerner dans les logiques du monde celles qui portent la vie et celles qui la détruisent.

Une visée qui dépasse les réalisations

Viser le Royaume de Dieu au-delà de chaque projet concret. Face à la misère, à la violence, aux structures de péché, vivre une expérience intérieure du salut : au-delà des réalisations, demander un regard positif, une foi dans l’avenir, dans l’homme, qui donne corps à une parole.

Envoyés aux frontières

Frontières sociales, culturelles, religieuses, qui divisent nos contemporains : lieux de tension, de fractures multiformes.

Mission de réconciliation

Promouvoir la justice est une exigence absolue, car c’est une composante de la réconciliation entre les hommes, liée à leur réconciliation avec Dieu.  Se réconcilier avec Dieu, avec les autres, avec la Création.  Faire des ponts avec ceux qui  ont le pouvoir, en les accompagnant sur un chemin de conversion.

Communauté de solidarité

En s’attaquant aux causes des injustices, former « communauté » (pas seulement un collectif, un réseau ou un mouvement social). Ceux qui travaillent ensemble pour un  développement humain intégral sont des semences de diaconie. Pour cela, faire Église avec des sensibilités différentes.

Inculturation et dialogue avec les religions

Inculturation dans la culture de notre société et dans le monde populaire, dialogue d’action, notamment avec les musulmans.

Au milieu des tensions

Apprendre à bien vivre les tensions, aux niveaux personnel et communautaire (être/faire, contemplation/action, uni au Christ/inséré dans le monde…), mais aussi au niveau institutionnel (efficacité/simplicité, visée du résultat/prophétisme, efficacité immédiate/mise en route de personnes…). C’est peut-être le patchwork de ces neuf traits qui pourrait être qualifié d’ignatien et qui fait que le tandem « foi et justice »  s’incarne en nous comme quelque chose qui nous sort des pores de la peau.

S’engager dans l’apostolat social ignatien

Nous sommes en train de constituer des équipes d’apostolat social ignatien dans un certain nombre de villes. Ces équipes ont pour mission de contribuer à l’animation de la famille ignatienne locale du point de vue social, par exemple en proposant des journées ou des WE, notamment sur l’une ou l’autre des neuf caractéristiques. Tout cela est animé par une équipe nationale, qui appuie les équipes locales. Elle comprend différentes composantes de la famille ignatienne. Vous pouvez bien sûr rejoindre une équipe locale ou en fonder une. Et faites-vous connaître pour être invité aux propositions !

Jérôme Gué, sj
Coordinateur de l’équipe
apostolat social ignatien


Commentaires

2 réponses à “Les neuf traits de l’apostolat social ignatien par Jérôme Gué”

  1. AH! OUI, Ami Jérôme, mon MERCI pour ce rappel! Combien de personnes, voire de religieuses ignaciennes IGNORANT l’existence-même de cet « apostolat »!!!A m’en faire dresser les cheveux sur la tête! Et pourtant, en ce qui me concerne, cette

  2. VOUS jésuites de l’APOSTOLAT SOCIAL…m’avez sauvé « ma » vie religieuse APOSTOLIQUE…ignacienne!Des relectures, des engagements, des éclairages sur notre société, française, européenne…vécus ENSEMBLE des chemins ouverts et d’Espérance « malgré tout », malgré toutes les embuches dressées devant nous, les INCOMPREHENSIONS.
    MERCI Jérôme, alias…en fidèle AMIE, je VOUS salue dans la JOIE, l’ESPERANCE DE CE nouvel élan/DIACONIA…!
    Depuis Paris, mes saluts sororaux+++

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