Né le 2 janvier 1924 à Reims, Jean-Paul Mensior s’engage comme médecin auxiliaire volontaire en 1945 dans les armées alliées. Interne des hôpitaux de Paris, il entre au noviciat de Laval en 1949. Après une formation jésuite classique, il est nommé aumônier de Sciences Po et de l’ENA à Paris en 1961.
Jean-Paul aura marqué durablement ses étudiants, dont certains devinrent des amis fidèles, comme en témoignèrent deux d’entre eux, lors de ses funérailles :
« Au Centre Saint Guillaume qu’animait Jean-Paul, il y avait un délicat alliage entre foi et religion d’un côté, et des réponses à nos questions de femmes et d’hommes, dans notre vie personnelle et face au monde où nous nous préparions à être actifs. Un mélange d’ouverture au bouillonnement culturel de ces années-là et aux questions sociales. Un cocktail de liberté et de responsabilité, de dialogue et de confiance, que Jean-Paul personnifiait, avec ses exceptionnelles qualités. » (Bertrand Wallon)
« Servir l’accès au langage des personnes qui lui étaient confiées, dans les différentes missions qu’il eut à assumer ; à travers la formation, la liturgie et l’accompagnement spirituel, mais aussi à travers le suivi psychologique ou psychiatrique de ses patients : tel fut, selon moi, le fil rouge qui tissa ensemble, pour Jean-Paul, sa vocation de jésuite et sa vocation de médecin. » (Danièle Hervieu-Léger)
En 1984, Jean-Paul quitte l’Île-de-France pour assurer des services de supérieur de communauté au Centre culturel de La Baume-lès-Aix, à Toulouse et au Centre culturel des Fontaines à Chantilly, dont il accompagnera la fermeture en 1998. Ses talents lui donnent l’ouverture nécessaire pour accueillir, éveiller, faire réfléchir les personnes nombreuses et extrêmement diverses qui fréquentent ces centres.
Retrouvant la communauté de Paris-Grenelle, il participe à l’équipe de l’église Saint-Ignace et assure divers ministères d’accompagnement et de formation. En 1999, paraît son essai d’anthropologie chrétienne, Chemins d’humanisation. II met aussi en valeur les œuvres de son ami jésuite, le peintre André Bouler.
En 2016, Jean-Paul rejoint la communauté de Vanves et l’EHPAD Maison Soins et Repos. Son côté affable et souriant, gourmet et gourmand, fin et attentionné, émerveillé et reconnaissant, ainsi que sa prodigieuse mémoire poétique font oublier les flèches acides qu’il peut décocher. Affaibli, mais gardant son franc-parler et son œil espiègle, Jean-Paul s’éteint dans sa chambre à l’aube du 8 octobre 2021.
Lors de ses obsèques, Danièle Hervieu-Léger rapporta les propos du Docteur Chartier, condisciple et ami très proche de Jean-Paul, se rappelant la fin de leur vie étudiante, lorsque la bifurcation de Jean-Paul vers la Compagnie avait été rendue publique : « Un des jeunes médecins présents avait dit : « C’est quand même formidable. Il y en a un parmi nous qui était vraiment doué ! Il avait tout pour faire un grand professeur de médecine, et tout aussi pour faire un grand pianiste ! Et voilà qu’il se fait curé. J’aimerais bien savoir ce que ça lui a donné de se faire jésuite ! » À quoi Jean-Paul, qui était présent, avait répondu : « la liberté » ».
P. Jacques Gebel sj (Vanves)