La vie du père Anatole Ghestin, alias Ting Ming-Cheng, jésuite missionnaire en Chine au XXème siècle, éditée dans un beau livre à l’initiative de sa famille.
En 1997, la famille du jésuite Anatole Ghestin a édité toute la correspondance reçue en France durant son séjour en Chine. Ecrites au jour le jour, ces lettres sont des documents exceptionnels sur le Chine de la première moitié de ce siècle.
Anatole Ghestin était né à Haubourdin, près de Lille, le 3 janvier 1873, troisième de sept enfants. Après ses études au petit séminaire de Cambrai et six années d’enseignement dans les collèges jésuites de Boulogne-sur-Mer et Lille, il entrait dans leur noviciat d’Amiens en octobre 1898. Comme il avait déjà, à vingt-cinq ans, une expérience pédagogique, il fut dispensé des études Littéraires. Il accomplit sa philosophie à Vals-Le-Puy puis à Gemert aux Pays-Bas. Sa théologie à Enghien, en Belgique, le conduisit au sacerdoce en 1907. Après son « troisième an » à Cantorbéry, en clôture de toute sa formation jésuite, il était prêt à partir en Chine.
À trente-quatre ans, il apprend le chinois, il est affecté à la mission du Tchély, dans la province actuelle du Hebei, où le vicaire apostolique de Sienhsien, coordonne les activités d’une quarantaine de jésuites du nord et de l’est de la France, d’une vingtaine de jésuites chinois et européens.
Répartis sur la ville de Tientsin, le port de Pékin, sur la ville de Sienhsien et sur les quatre districts autour de ce centre, ils remplissaient les tâches pédagogiques de l’Institut des hautes études de Tientsin, du noviciat, des collèges et séminaires de Sienhsien et Taimingfou. Ils sont responsables des paroisses rurales disséminées dans ces campagnes; le père Anatole Ghestin va vivre avec ces paysans qui cultivent le blé d’hiver, le maïs de printemps, le riz irrigué et le coton de l’été chaud, le sorgho, les plantes potagères. Dans ses districts successifs au nord et à l’est de Sienhsien, il parcourra ses paroisses, une trentaine, chacune de trois à quatre mille chrétiens, de plusieurs centaines de catéchumènes… Ses tournées peuvent durer de trente à cent jours. Il s’en va en char, parfois à vélo, à cheval, à mule, même à dos d’âne, en hiver à pied, sur des rivières gelées.
Il allait traverser durant cinquante ans, les tempêtes politiques, les guerres et la rudesse des saisons contrastées.
Ses lettres diront à sa famille, à ses amis, sa pauvreté, son zèle apostolique, son humour aussi, signe de sa joie spirituelle. Elle a conquis ses neveux de deux générations. Ils ont voulu les publier, mettre en valeur par ces récits, échelonnés dans le temps, une existence tout entière donnée au peuple chinois.
Longtemps cachée, cette vie devient exemplaire pour nous, comme un chemin d’espérance.
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Jacques Gabin, sj
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