À travers l’association Bel Espoir rendue célèbre par l’émission Thalassa, le P. Michel Jaouen sj s’est impliqué corps et âme au service des jeunes délinquants.
Grâce à des dons, il a ainsi constitué une flotille de voiliers pour emmener ces jeunes en mer. Au fil des années, naviguer s’est avéré être le meilleur moyen pour rompre l’isolement provoqué par les séjours en prison et la dépendance aux drogues et à l’alcool. Décédé le 7 mars 2016 à 95 ans, il a ainsi dédié sa vie entière aux jeunes délinquants en choisissant de les emmener en mer pour mieux briser la logique perverse des prisons. Nous publions cette interview réalisée par Aleteia.
Aleteia : Comment avez-vous commencé à vous impliquer auprès des jeunes délinquants ?
Père Michel Jaouen : Je suis né à Ouessant et suis rentré au collège jésuite de Brest. J’ai toujours eu la foi et la religion a toujours été très présente dans ma famille, une évidence au même titre que la mer. Cela m’a donc aidé à devenir jésuite. J’ai alors fait mes études à Lyon où j’ai commencé dès 1939 à m’occuper des délinquants en réinsertion. On organisait déjà des vacances pour les plus jeunes. Nous étions très bien reçu par les institutions pénitentiaires, parce qu’il n’existait absolument rien pour s’occuper d’eux. Après quelques années, je suis monté sur Paris où je suis devenu aumônier de la prison de Fresnes. C’est ainsi que j’ai construit un foyer pour les jeunes délinquants de 150 places à porte de Clichy.
C’est donc à la prison de Fresnes que vous avez pris conscience du drame des prisons ?
Oui. J’y ai vu les pires choses que vous ne pourrez jamais imaginer. De tout temps, on y met des gosses qui deviennent des truands. À vivre les uns avec les autres, les délinquants se fabriquent « entre eux ». Et lorsqu’ils sortent, sans un sou, parfois sans papiers, sans travail, ils n’ont qu’un seul choix : retourner dans la délinquance. Évidemment il n’y a pas de solution alternative, mais il n’en existera pas tant que l’on ne verra pas les choses en face.
Je reste persuadé qu’il ne suffit pas d’améliorer les conditions de vie des prisonniers, il faut les fermer ! Il faut essayer de nouvelles choses, et surtout ne pas les laisser entre eux. Il n’y a rien de plus mauvais. De quoi voulez-vous que parlent deux criminels ensemble ? De truanderies, rien d’autre. Il faut les sortir de cet environnement destructeur, leur donner une formation professionnelle, du boulot et un logement. C’est regrettable qu’aujourd’hui il n’existe rien de tout cela.
Comment vous est venue l’idée de faire des sorties en mer ?
C’est en faisant ce constat que j’ai décidé de me procurer des bateaux pour sortir les jeunes délinquants de ce véritable cercle vicieux. Comme j’ai toujours su naviguer, c’est la première idée qui m’est venue. Dès les premières sorties en mer, j’ai pu remarquer que ces jeunes étaient parfaitement impliqués. Ces gamins qui avaient perdu tout intérêt pour quoi que ce soit, les voilà soudainement intéressés pour quelque chose. L’avantage du bateau c’est que l’on voit du pays dans tous les sens du terme : les jeunes rencontrent de nouvelles personnes, c’est salvateur.
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