Quelques notes de Philippe nous accompagneront pour suivre son itinéraire.
Il y a trois ans, il écrivait : « Mon lieu, c’est la rencontre entre le Père qui appelle amoureusement, et l’enfant bondissant qui répond ». Cet enfant, c’est lui, né le 27 octobre 1927 à Paris, fils d’un officier de l’armée de terre et d’une mère infirmière. Aîné d’une sœur et de trois frères, il est reconnu comme studieux, un peu timide, joyeux.
En 1945, Philippe entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Laval. Dès 1950, il est appelé en Algérie et rejoint l’école d’officiers de Cherchell, dont la devise lui assure une mission : « Assume, toi aussi, la charge du commandement ». De retour en France, il poursuit ses études de lettres et de théologie. Ordonné prêtre à Lyon en 1959, il prononce ses derniers vœux le 2 février 1968.
Suivra une succession de beaux ministères. En 1963, Philippe est nommé père spirituel au Collège de Franklin à Paris. Aumônier national du Mouvement Eucharistique des Jeunes en 1975 ; chargé de l’église Saint-Ignace en 1979. En 1987, il rejoint Lalouvesc comme directeur du sanctuaire. À la suite de saint Jean-François Régis, il redira bien souvent au cours de sa vie : « Je vous porte dans mon cœur ». Ici aussi, il profite de la campagne pour marcher et rendre grâce au Père pour la beauté de la création. En 1999, il est nommé supérieur de la communauté de Lyon, rue Sala. En 2005, il rejoint le Centre spirituel de Penboc’h en Bretagne. Face à l’océan, il continue à donner les Exercices spirituels. Discret, bienveillant, il accueille et accompagne des retraitants.
Émerveillé, Philippe l’est aussi pour la fraternité d’amis, de sœurs, de frères dans le Seigneur, qui se retrouve à l’eucharistie dominicale avec sa communauté. En 2015, un accident vasculaire cérébral le laisse hémiplégique et le conduit à Pau, rue Montpensier.
Philippe ne s’abandonne pas à la fatalité ; il entreprend un travail exigeant sur lui-même pour réconcilier respiration, mouvement, détente, prière, vie fraternelle : « Je dois vous dire que lorsqu’il y aura de la coordination dans tout cela, les choses se feront plus facilement et dans la joie ! », disait-il. Compagnon attentif à sa communauté, père spirituel disponible, il continue à donner des retraites ; le téléphone sonne souvent dans sa chambre !
À Montpensier, nous nous souvenons de ses promenades matinales boulevard des Pyrénées, de ses homélies, nourrissantes pour le cœur, et de ses petites ronflettes, à l’heure du café dans la salle de communauté. À Maria Consolata, Philippe est resté immobilisé quinze mois dans son lit. Il a consenti à abandonner son corps entre les mains des soignants, manifestant rarement impatience ou exigence ; au contraire, il témoignait de la gratitude par son accueil, son sourire, son regard clair, ses gestes de la main, chaleureux, les pouces en l’air pour dire « tout va bien ». Il savait aussi distribuer avec élégance la paix du cœur. Au cours des derniers mois, Philippe était comme un veilleur, certes à bout de forces, mais attendant, assoifé, Celui qui est venu à sa rencontre ce 2 mars : le Père, son Seigneur, sa Joie…
Jean-Pierre MILLARD sj