La longue tradition de jésuites et collaborateurs laïcs ayant servi des personnes en prison remonte aux premiers compagnons de Jésus. La Formule de l’Institut dit : « le jésuite doit se montrer prêt à secourir les détenus ».
Ignace et les premiers jésuites ont pratiqué cette œuvre de miséricorde de manière soutenue. Ses successeurs ont continué à être présents dans les prisons, accueillant et consolant les prisonniers, en les soulageant et en les accompagnant sur le chemin de la régénération personnelle.
Ce service qui a été important pour la Compagnie continue d’être un lieu important pour la rencontre avec le « Dieu présent et actif en toutes choses » (Contemplatio ad amoris). Servir l’humanité souffrante et contempler le Seigneur présent en elle ont été les deux composantes clés de la vie des jésuites et des collaborateurs qui ont rendu visite aux prisonniers dans les prisons au cours de l’histoire.
Actuellement, ce ministère est toujours vivant et s’étend dans les six Conférences que nous organisons. Il constitue fréquemment un ministère silencieux de personnes qui pendant des décennies se rendent avec compassion et de façon régulière et individuelle dans certaines prisons locales. Parfois il s’agit d’un groupe de jésuites et de collaborateurs qui réalisent le travail. Il arrive dans certains cas que ces groupes mettent au point des programmes spéciaux pour les mineurs, ou dans le domaine de la prévention, du plaidoyer juridique, ou en appuyant les personnes qui sortent de prison durant la période de transition difficile qui les conduit de la prison à la vie quotidienne. Le ministère se déroule en réalité sous de nombreuses formes.
Ce numéro de Promotio Iustitiae désire rendre hommage à toutes ces personnes et décrire la tâche silencieuse qu’elles réalisent avec constance durant de nombreuses années. Les articles qu’on lira dans ces pages sont émouvants. Ils sont traversés par ce double aspect des rapports du ministère avec les prisonniers, d’une part un service régulier et engagé, et d’autre part une attitude contemplative. Les auteurs laissent entrevoir dans leurs textes une mystique présente et nécessaire dans ce ministère. Ils vont au-delà des apparences. Ils transcendent la réalité et y découvrent le mystère d’un amour supérieur qui habite même dans les coins les plus cachés et obscurs.
Le premier article écrit par Julie Edwards, directrice du Jesuit Social Services en Australie, présente un réseau international qui a été créé grâce à son soutien pour le ministère dans les prisons. Cette initiative permet de nouer des liens entre des personnes qui souvent travaillent isolément, rendus possibles grâce au réseau l’apprentissage et le soutien mutuels. Les articles successifs rédigés par des jésuites et des collaborateurs qui travaillent dans les différents Secrétariats pour la Justice Sociale et l’Écologie proposent un tableau de la variété des présences. Nous avons réuni au total onze articles qui méritent d’être lus.
Nous remercions particulièrement Julie Edwards et Matthew Cuff, qui travaille dans le bureau d’Advocacy de la Conférence du Canada et des États-Unis, de nous avoir suggéré de consacrer ce numéro à ce type de travail, en nous proposant les noms de personnes qui pouvaient y contribuer. Sans eux, ce numéro n’aurait pas été possible.
À la fin de ce numéro nous avons inclus également un long document préparé par le Réseau des Centres sociaux d’Amérique latine, qui a été écrit par Roberto Jaramillo sj, coordonnateur social de l’Amérique latine. Il s’intitule « Générosité et efficacité » et reflète la tension nécessaire qui doit être maintenue dans nos œuvres sociales entre l’impact que nous recherchons et l’attitude généreuse et désintéressée que nous devons adopter pour réaliser le travail social. Il vise à nous aider à réfléchir sur notre mode particulier pour porter des fruits. Le document permet d’identifier les aspects des activités des centres sociaux de la Compagnie que nous pouvons évaluer.
P. Patxi Álvarez sj
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