Pour célébrer ses 50 ans d’existence, l’Institut d’études théologiques organisait, du 12 au 14 février dernier, un colloque sur le thème « La théologie, identité et pertinence ». Cinq orateurs ont exposé comment, au cours des cinq dernières décennies, la théologie a évolué dans leur aire linguistique respective : Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas.
« Tu feras retentir le cor pour une acclamation; au jour du Grand Pardon vous ferez retentir le cor dans tout votre pays ; vous déclarerez sainte la cinquantième année et vous proclamerez dans le pays la libération pour tous les habitants; ce sera pour vous un jubilé » (Lévitique 25, 9-10). C’est par ces mots que s’est ouvert, dans la joie, le colloque jubilaire fêtant les cinquante ans de l’IET. Pendant deux jours et demi, plus de 200 personnes se sont retrouvées pour poser un regard sur l’évolution de la Théologie en Europe depuis le Concile. Le format du colloque s’est inspiré de la pédagogie de l’IET en proposant des temps de réflexion en petits groupes sur différents articles, ainsi que des séances de débats. Cinq intervenants provenant de cinq zones linguistiques différentes (italien, espagnol, anglais, allemand, néerlandais) ont partagé leurs expertises sur la situation concrète de la théologie. Mgr Lode AERTS, évêque de Bruges, nous a fait la joie de sa présence pour présider l’Eucharistie du 13 février. Et c’est ensemble qui nous sommes entrés en Carême le mercredi des Cendres écoutant l’appel à se convertir.
Voici quelques fruits de ces trois jours :
La théologie comme lieu de sanctification. Dieu parle à travers l’Ecriture Sainte, âme de la théologie. Et la théologie ne peut qu’être l’étude par une personne qui écoute, qui se laisse enseigner par le Seigneur. Tous les grands saints sont des théologiens qui se sont laissés façonnés par la Parole. L’écoute demande humilité, voire même un sacrifice. Tout chrétien est invité à faire l’expérience de Dieu.
La théologie est dialogale. Elle est dialogue avec Dieu et dialogue entre frères. Ce fondement repose sur la structure même de la foi qui est dialogale. Nous ne détenons la foi que comme symbole (c’est le nom de nos Crédo, Symbole des apôtres…), c’est-à-dire seulement comme une pièce incomplète et brisée qui ne saurait trouver son unité et son intégrité qu’en s’unissant aux autres (symbole signifie mettre ensemble, réunir). Ainsi, ce n’est qu’en Eglise, en se mettant en dialogue avec les autres, que la théologie peut être féconde et s’approcher de la Vérité. Chaque chrétien doit Ecouter la Parole avec ses frères, et vivre la liturgie, lieu fondamental du dialogue et en priorité l’Eucharistie.
La formation théologique des chrétiens s’enracine dans leur baptême. Chaque nouveau baptisé devient prêtre, prophète et roi, à l’image du Christ. Le sacerdoce baptismal constitue le chrétien comme fidèle du Christ. A ce titre, la formation des futurs prêtres doit s’enraciner dans ce sacerdoce baptismal. Le futur prêtre doit être avant tout un homme fidèle du Christ. Les lieux de formation devraient toujours être considérés comme des communautés d’enseignants et d’étudiants qui vivent du Christ, et pas simplement comme des groupes de spécialistes.
La théologie n’est pas une science religieuse. La théologie n’a pas pour objet une matière froide à analyser, à disséquer. Son objet est le Dieu vivant. Le remplacement de la théologie par la science religieuse dans certaines universités et dans les écoles conduit à la mort de la foi. Les études historico-critiques, intéressantes par ailleurs, ne sont pas utiles aux chrétiens si elles deviennent l’objet principal de l’exégèse. Par ailleurs, ne s’occuper que de problèmes sociétaux sans s’intéresser aux fondements de la foi conduit aux mêmes effets. L’invitation du pape François à aller aux périphéries n’est possible que s’il y a un centre solide sur lequel s’appuyer. Et ce centre, c’est le Christ. Nos intervenants flamand et allemand ont témoigné en ce sens de ce qu’ils vivent dans leurs pays.
La théologie se vit dans l’ouverture à l’œcuménisme. Notre intervenant anglais a témoigné des fruits de la collaboration théologique entre catholiques et anglicans. L’œcuménisme réceptif est un dialogue critique et constructif qui permet de travailler au bien de l’Eglise et de la société. Il s’agit alors de se montrer comme blessé à son frère d’une autre Eglise et de se laisser guérir par la grâce des autres.
Penser c’est rendre grâce a conclu le président de l’IET, le père Thierry Lievens. Ainsi, c’est dans l’action de grâce que nous sommes pour ces cinquante ans de l’IET. Alors nous faisons retentir le cor pour l’acclamation du Seigneur. Nous rendons grâce pour l’intuition du Père Albert Chapelle qui avait souhaité former futurs prêtres, religieux et laïcs à l’écoute de l’Ecriture, des fidèles du Christ, heureux de témoigner et transmettre leur expérience du Seigneur.
Alexandre Guillaud, étudiant en théologie
> Xavier Dijon sj et Bernard De Plaen, L’Institut d’études théologiques (IÉT) de Bruxelles. Chronique d’un demi-siècle (1968-2018), Lessius, 19 €. Commander l’ouvrage : www.editionsjesuites.com