A l’occasion de la parution de la première biographie du Père Varillon, retour sur une des plus grandes figures jésuites du XXème siècle dont les écrits spirituels sont toujours d’actualité.
François Varillon ? «Il est des quelque quinze ou vingt religieux dont l’influence a été décisive et sans lesquels la figure du catholicisme français ne serait pas ce qu’elle a été depuis une trentaine d’années.» Ce jugement de son ami René Rémond ouvre l’étude historique d’Étienne Fouilloux retraçant l’itinéraire du P. Varillon.
Près de trente ans après sa mort, cette grande figure demeure une référence, pas seulement dans le souvenir de ses amis, surtout par les livres et cassettes toujours réédités. L’historien lyonnais découvre une vie d’une grande richesse et aux multiples facettes. Point d’événements bouleversants, de suspense. Ce qui frappe, c’est le rayonnement d’une personnalité. Partout son influence est marquante : aumônier de mouvements de jeunesse, animateur de groupes de foyers, conférencier infatigable, prédicateur, directeur spirituel. Un éducateur exceptionnel.
« Une main sur la beauté du monde. Une main sur la souffrance des hommes. Et les deux pieds dans le devoir du moment présent. » Telle fut la devise du jésuite François Varillon (1905-1978). Illustrant une telle règle de vie, l’historien Étienne Fouilloux nous livre le portrait et le parcours d’un religieux peu enclin aux épanchements, mais dont le message marqua durablement plusieurs générations de chrétiens.
Son parcours
Né à Bron, dans la banlieue de Lyon une ville à laquelle il est toujours resté viscéralement attaché, au sein d’une famille de moyenne bourgeoisie catholique, François Varillon vient d’achever d’honnêtes études classiques, quand il rencontre la vocation religieuse. Mais avant de l’épouser, il doit surmonter deux obstacles. Le premier, décrit par son ami Lucien Rebatet dans Les Deux Étendards, prend la forme d’un amour humain pour une jeune voisine, Simone Chevallier. Sacrifiée en 1925, cette liaison se double d’une autre séduction, également de nature à contrecarrer l’appel au sacerdoce : la passion de l’art.
Deux hommes vont bouleverser sa vie, le Père Monier avec qui il découvre la tendresse de Dieu et l’appel à la joie et le poète Paul Claudel avec lequel il se lie d’amitié. François Varillon se verra plus tard confier la responsabilité de publier, après sa disparition, son Journal.
François Varillon s’intéresse au mouvement des idées, à la création littéraire. Il écrit des études critiques dans les Études dans l’immédiat avant guerre et jusqu’à la fin de sa vie il exercera une critique littéraire orale dans les conférences mensuelles qu’il donne à Lyon, à Genève, à Paris. S’il connaît bien l’œuvre de Claudel, il a une prédilection pour Fénelon. Il contribuera à faire mieux connaître l’œuvre de l’archevêque de Cambrai en publiant un ouvrage « Fénelon et le pur amour ». Chez François Varillon la pensée et l’action sont aussi intimement liées.
Pendant l’Occupation, il participe à la création du premier Cahier de Témoignage Chrétien avec les pères Fessard et Chaillet notamment.
Entre 1941 et 1944, il s’associe au groupe de « théologiens sans mandat » qui joue un grand rôle dans la formation des catholiques français confrontés à cette période sombre de notre histoire. Il a été profondément marqué par les nombreuses années passées dans les rangs de l’ACJF (Association catholique de la jeunesse française).
François Varillon se préoccupe de former solidement les laïcs chrétiens. Il élabore pour eux ses Éléments de doctrine chrétienne (1966). Il a animé aussi des communautés de foyers. Le Père Varillon est connu aussi de bien des chrétiens qu’il rencontre au cours de ses conférences qu’il a donné dans toute la France où il prêche un Dieu intérieur, ce Dieu qui est en nous « plus moi-même que moi « .
« Dieu a choisi en s’incarnant, de partager l’angoisse, la souffrance et la finitude humaine. Il est urgent d’éliminer de notre esprit cette idée selon laquelle le Père, à cause de la perfection de sa nature, surplomberait la souffrance des hommes sans en être lui-même douloureusement affecté et meurtri « .
En 1974, François Varillon est lauréat du grand prix catholique de Littérature pour l’ensemble de son œuvre. Il meurt le 17 juillet 1978 au Châtelard (Rhône). Il aura marqué profondément des générations de chrétiens. Il continue à le faire encore aujourd’hui à travers ses ouvrages et les traces écrites et les enregistrements de ses conférences.
En savoir + :
> Ouvrage « François Varillon : essai biographique » d’Étienne Fouilloux
> Article du Figaro du 20/03/2008 « François Varillon, l’étendard de la joie »
> Article du Journal La Croix du 21/11/2007 « François Varillon, la passion de l’essentiel »
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