Jean-Claude HUVÉ est né le 20 octobre 1925, second fils d’un ingénieur des mines de charbon de la Sarre qui revint en France en 1930 quand l’Allemagne reprit le contrôle de la Sarre. Encore jeune, il perdit sa mère. Après le baccalauréat il passa deux ans au Grand Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, puis entra dans la Compagnie de Jésus, au noviciat de Laval, le 24 janvier 1945. Après la formation jésuite à Laval, Villefranche-sur-Saône, Le Mans, Paris et Lyon-Fourvière, il est ordonné prêtre le 31 juillet 1956.
Il termine sa licence de philosophie et enseigne brièvement la philosophie à Franklin. Il fait le Troisième An à Paray-le-Monial avec le P. Goussault (1959). Il est nommé aumônier d’étudiants, spécialement des étudiants africains de l’Institut d’Études d’Outre-mer, futurs cadres dans leurs pays respectifs. Mgr Jean ZOA, le nouvel archevêque de Yaoundé (Cameroun) ayant demandé des jésuites pour enseigner dans le Grand Séminaire et pour les étudiants, Jean-Claude se porte volontaire avec le P. Cuzon. Il est aussi aumônier national de la JEC. En 1968, il est appelé à Nkongsamba par Mgr Ndongmo comme aumônier des jeunes et formateur des catéchistes.
Le supérieur jésuite du Cameroun envoie Jean-Claude en France pour un recyclage et sa disponibilité l’amène à répondre à l’invitation de Mgr Biayenda, évêque de Brazzaville (Congo) qui sera assassiné en 1977. Son action d’aumônier suscite des vocations jésuites et, lors des obsèques de Jean-Claude, un de ses anciens étudiants, Pierre Malanda, a déclaré : « Jean-Claude m’a beaucoup aidé dans mon parcours de vie : il m’a ouvert les chemins de la réflexion intellectuelle et spirituelle. C’est lui, en premier, qui m’a donné le goût d’une foi chrétienne fondée sur un dialogue permanent avec la raison humaniste. »
De retour à Paris en 1972, son expérience avec les Africains lui vaut d’être nommé directeur d’un centre de préformation professionnelle de migrants. L’âge de la retraite atteint, en 1985 il devient sous-ministre puis ministre de la résidence rue Monsieur : « Mélomane et lecteur infatigable, dira le P. Jacques Gebel, Jean-Claude développe alors davantage le partage enthousiaste de ses découvertes, de sa culture, de son désir d’un christianisme et d’une Église répondant toujours davantage aux questions d’aujourd’hui. »
En août 2002, il rejoint la communauté de Paris-Grenelle. « Sa grande sensibilité, dit le P. François-Xavier DuMORTIER qui fut son dernier supérieur dans cette communauté, lui permit de se faire proche de ceux qui étaient secoués par les vicissitudes de l’existence… Il a vécu cette sensibilité avec une grande intensité car il avait, sous une apparence placide, un tempérament de feu… Les épreuves ne l’ont pas épargné – physiques, car il a été éprouvé par la maladie dans son corps comme peu le sont – mais aussi liées à la vie jésuite, et je pense notamment à une certaine rugosité de la vie communautaire comme aux années de travaux à la rue de Grenelle où il a vécu ce qu’il appelait « l’enfer du bruit ».
En septembre 2017, les soucis de santé s’accumulant, Jean-Claude rejoint l’EHPAD Soins et Repos de la communauté de Vanves. À la suite d’une chute il décède le samedi 7 juillet. Dans l’homélie des obsèques, le P. Sylvain Cariou-Charton exprimait : « Depuis plusieurs mois Jean-Claude était prêt…. Il attendait la glorification du Christ. Il priait pour le monde, pour nous à l’imitation du Christ qui proclamait : « Moi, je prie pour eux, […] désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »
Yves MOREL sj (Vanves)