Pourquoi Bernard de Fontaine (1090-1153), abbé de Clairvaux, a-t-il mis plus de quinze ans à rédiger cet admirable livre où son coeur tente de partager ce qui le fait battre ? Voulait-il articuler avec rigueur les deux volets de la raison que nous avons d’aimer pour Lui-même « le Dieu et Père de Jésus » (Col 1, 3) ?
« Rien n’est plus juste, écrit-il, et rien n’est plus fructueux. » De fait, si Dieu n’a pu, ne peut, ne pourra jamais nous aimer davantage qu’en nous livrant son Fils afin qu’Il soit « l’Aîné d’une multitude de frères » (Rm 8, 29), nous sommes appelés à nous trouver, par-delà tout intéressement et tout désintéressement, en laissant ce Fils, que la grisaille nous enveloppe ou que nous ravissent de soudaines trouées de lumière, devenir la Vie plus haute et plus douce de la nôtre. Mais Bernard a si peu cerné ce qu’il lisait de neuf dans les Écritures qu’il a dû conclure en recopiant une lettre ancienne sur la Charité.
L’auteur
Michel Corbin, jésuite, professeur honoraire de l’Institut catholique de Paris, professeur invité au Centre Sèvres, dirige, aux Editions du Cerf, la publication de l’oeuvre complète de saint Anselme.
P. Michel Corbin sj, Le Livre de saint Bernard sur l’amour, Editions du Cerf, coll. Patrimoines, Paris, avril 2019, 256 p.