Comment vit-on une ordination de jésuite quand on est… jésuite ? Le P. Pascal Sevez, qui vit dans la même communauté que Gonzague Lalanne-Berdouticq rue Raynouard à Paris, retrace l’ambiance de ces trois jours de fête.
Vendredi : on y est, c’est palpable… On s’y était préparé : lundi, lors de la réunion de communauté de la rue Raynouard, nous avions commencé à partager sur ce que représentait pour nous l’ordination au sacerdoce ministériel. Par trois fois, nous avions amendé, répété le texte de la chanson écrite pour Gonzague sur l’air du Psaume de la Création. Le week-end précèdent nous avait tous mobilisés pour une de nos opérations « tornade blanche » à faire disparaître jusqu’à la poussière des poutres de la lingerie ou de la hotte de la cuisine. Mercredi, Quentin était arrivé de Rome pour loger dans la communauté en même temps que Gonzague rentrait de sa retraite du Mont des cats … Mais ce vendredi c’est palpable : les rires se font plus sonores. La tondeuse à cheveux reste inexorablement introuvable dans le meuble commun. Quentin répète un énième fois l’ordinaire de la messe. Gonzague repasse son aube et… le ballon d’eau chaude qui alimente une partie des chambres vient de lâcher … Le temps est venu !
Samedi 15h30 : la célébration peut commencer. L’église Notre Dame de Grâce de Passy est comble et Monseigneur Jachiet peut, en remontant l’allée centrale, peser et goûter le chemin parcouru par les deux jésuites qu’il va ordonner prêtre, lui qui les a connus lors des différentes missions qui lui ont été confiées dans le diocèse de Paris. Les élèves des classes préparatoires de Franklin Saint-Louis de Gonzague forment un bloc compact au fond de l’église, les amis d’enfance et d’apostolat, ces laïcs, ces prêtres et ces religieux qui ont nourri leur chemin et puis leurs familles serrées dans les premiers rangs pour ne rien perdre de cet étonnant sacrement.
Chacun se laisse alors porter par le souffle de l’Esprit Saint dans une disponibilité à cette Vie qui ne nous appartient pas. À la suite du Christ, nous entrons au rythme envoûtant du Congo dans la longue litanie des saints, et des siècles, au service de la mission de l’Eglise. En la veille du Dimanche du Christ Roi la figure paradoxale de Jésus Maître et Serviteur se fait palpable, offerte. Quatre mains sont ointes pour rendre à Dieu ses propres dons, pour faire rayonner de sa présence divine le quotidien de nos vies.
La soirée peut s’ouvrir et déployer ses temps de rencontre avec les jeunes prêtres, ses relents de noces avec les discours des parents, les allusions moqueuses des familles et des familiers qui laissent entrevoir la géographie intérieure de ces deux compagnons et les aspérités que peut venir évangéliser notre vie communautaire… comme l’avait délicatement suggéré le Père François Boëdec, Provincial, lors de la présentation des deux ordinands au début de la célébration.
Dimanche, Gonzague célèbre sa première messe dans la Chapelle de Franklin, enchantant assemblée et concélébrants avec son « homélie-conte » où de petits cochons roses à la queue en tirebouchon se disputent la vedette avec la maman hibou qui aime ses petits même s’ils sont très laids. A ses côtés, concélèbre le Père Athanase, spiritain du Nigéria, qui l’a connu enfant à Kourou. Quant à Quentin, il préside cette première messe à l’église Saint-Ignace, y ajoutant le baptême d’un de ses neveux, Augustin. Trois sacrements célébrés en un week-end… de quoi marquer sa famille sur plusieurs générations !
P. Pascal Sevez sj,
Communauté Saint Louis de Gonzague Paris-Raynouard
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