Contemplez et méditez « Masque et visage », une sculpture de Jean-Marie Tézé sj avec un texte de Claude Tuduri sj.
La beauté du regard, vivante d’un élan, d’un sourire et d’une gravité qu’aucune interprétation ne peut épuiser.
Les masques ne servent le plus souvent que lors d’occasions exceptionnelles, aussi éphémères que décisives par leurs conséquences : rites intercesseurs (pluie, moisson, maladie, guerre), rites de passage (du mariage aux cérémonies funéraires), carnaval.
Exposer un masque, le créer, le changer en œuvre d’art, c’est déjà le retirer aux déterminismes d’une fonction sociale ou religieuse. C’est faire droit au visage davantage qu’au rôle, à la vérité de sa présence davantage qu’à son utilité.
S’agirait-il alors d’une préférence pour l’idéal au mépris du réel ?
Non, l’humanité de ce visage fait sa part à l’imperfection et aux accidents du temps : la paupière de l’œil droit subtilement accidentée, le nez légèrement épaté, les joues un rien enflées et un front fuyant disent la gloire et la faiblesse d’un corps vraiment incarné.
Chacun pourra goûter à sa guise la beauté du regard, vivante d’un élan, d’un sourire et d’une gravité qu’aucune interprétation ne peut épuiser. Enfin, entre le nez et la lèvre supérieure, apparaît un sillon en forme de carré : un poinçon, la marque d’une circoncision de la chair.
Comme si ce visage avait revêtu le Christ. Là où sa patience est à l’œuvre dans la vie des œuvres et des hommes, les visages se greffent à la lumière avec une pudeur réconciliée, et on ne se sent plus condamné à « avancer masqué » et à jouer en secret l’être contre le paraître, le temps contre l’éternité.
Claude Tuduri sj
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