Fresque réalisée pour la Coordination des écoles jésuites belges par Françoise Lempereur et Laure Naveau

Suivre saint Ignace auprès des enfants – le projet pédagogique ignatien

Comment la tradition jésuite se traduit-elle aujourd’hui dans l’enseignement maternel et primaire ? Éclairage avec le P. Bernard Peeters sj et Philippe Wautelet, tous deux adjoints à la coordination des collèges et écoles jésuites en Belgique Francophone. 

Liberer et ouvrirDepuis saint Ignace, les jésuites accordent une attention particulière à l’éducation des enfants. « Je promets aussi de m’employer particulièrement à l’instruction des enfants » : ces mots, prononcés par les jésuites lors de leurs derniers vœux, invitent à mettre en œuvre la pédagogie jésuite dès le plus jeune âge.

Diversité sociale et culturelle

Le réseau des écoles jésuites de Belgique francophone est constitué de onze écoles maternelles et primaires et scolarise environ 4000 élèves. Souvent, les parents choisissent une école à proximité de chez eux ; c’est pourquoi la diversité sociale et culturelle de notre public scolaire varie fortement selon les caractéristiques sociologiques des centres urbains, où sont implantées la plupart de nos établissements. À Bruxelles, siège de nombreuses institutions européennes et internationales, la mixité s’exprime surtout par la diversité des langues. Au centre de Verviers, dans la Province de Liège, la population scolaire se caractérise par la diversité culturelle et religieuse, liée aux flux migratoires récents.

Vivre le projet pédagogique ignatien

Enrichi de ses diversités locales, notre réseau se reconnaît dans un fort sentiment d’unité et d’appartenance, que lui imprime le projet pédagogique ignatien. Ce projet se déploie progressivement à travers les thèmes d’année (cf. illustration), qui offrent des outils pour entrer dans la dynamique propre – le modo de proceder – de la pédagogie d’Ignace. Il s’exprime aussi à travers la pastorale, qui vise à vivre l’école, les relations et les apprentissages « à la manière de » Jésus.

Accueillir chaque enfant tel qu’il est, et croire en lui, c’est mettre en œuvre le présupposé favorable : cela signifie créer un climat de confiance, apprendre la patience avec le nouvel arrivé qui ne parle pas français ou n’a pas encore été scolarisé. Cela suppose aussi écouter celui qui décroche, absorbé par des situations qui le dépassent, etc.

Fresque réalisée pour la Coordination des écoles jésuites belges par Françoise Lempereur et Laure Naveau

Associant la bienveillance et l’exigence, la cura personalis (le soin de la personne tout entière) s’exprime notamment par la différenciation des pratiques et le développement de l’autonomie de chaque enfant : l’enfant reçoit des tâches adaptées et s’autoévalue en vérifiant lui-même l’exactitude de son travail ; les plus grands parrainent les plus petits dans l’apprentissage de la vie à l’école et de ses codes, mais aussi pour la lecture.

Durant la période de pandémie, les écoles se sont montrées attentives à chaque enfant, en allant au-delà des plateformes ou visioconférences, pour lesquelles tous les élèves ne sont pas outillés. Ainsi, tel enseignant a téléphoné à chacun de ses élèves, tandis qu’un autre a déposé les travaux au domicile de ses élèves.

La relecture, qui a joué un rôle si important dans le cheminement d’Ignace, structure l’intériorité, la capacité de discerner et de décider, de faire « un pas en avant » (Magis). Cela se vit au début ou à la fin d’une activité : exprimer sa « météo intérieure » et son évolution en cours d’activité par des cartes symboliques ; s’apaiser par des exercices corporels ; partager des nouvelles ; écouter une parabole, un conte.

Parler de Jésus

S’il est indispensable de renouveler et de diversifier le langage, il reste que, fondamentalement, être école jésuite ou chrétienne, c’est d’abord vivre toutes les dimensions de la vie scolaire « à la manière de Jésus » : ouvrir les yeux et les oreilles, dire une parole ajustée, accueillir le plus petit, le lépreux, pardonner… La vigilance pastorale s’exerce donc d’abord à ce niveau.

À travers le cours de religion et les moments d’animation, souvent en lien avec l’année liturgique, la mémoire, l’intelligence et le goût pour agir sont ensemencés. Conçue selon une perspective multiculturelle et multireligieuse, la méthode Mosaïques (Éditions Jésuites – Lumen Vitae) permet de mettre en dialogue la narration biblique, les traditions religieuses et la vie des enfants dans ses dimensions personnelles, sociales et spirituelles, en utilisant des canaux divers : œuvres d’art, vidéos, ateliers philothéo, lectures symboliques…

Ignace de Loyola est discret : ce n’est pas lui qu’on met en avant, mais c’est lui qui invite à chercher et à trouver. La pédagogie qui découle de son expérience spirituelle est une mise en « exercice », qui permet à l’enfant de se construire et de prendre sa place dans la communauté humaine.

Philippe Wautelelet et Bernard Peeters sj,
adjoints à la coordination des collèges et écoles jésuites en Belgique Francophone

En savoir + 

Les réseaux d’établissements scolaires jésuites comptent plusieurs écoles maternelles et primaires. En Belgique francophone, onze écoles scolarisent 4000 élèves de 2,5 à 12 ans ; en France, neuf établissements accueillent 4200 élèves.

> Les écoles jésuites sur jesuites.com
> Les établissements scolaires jésuites en France

Pour aller plus loin

Cet article est extrait d’Échos jésuites (automne 2020), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour cela, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.

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