Portrait : P. Gonzague Lalanne-Berdouticq sj

Le P. Gonzague Lalanne-Berdouticq sj est aumônier de grandes écoles d’ingénieurs et membre de la communauté jésuite de Versailles. À travers son portrait personnel, il témoigne d’un appel à « oser et se laisser unifier ».

Après onze années de formation jésuite, me voilà depuis quelques mois sur le marché non du travail mais de la « mission ». La demande étant plus forte que l’offre, je n’ai pas attendu bien longtemps avant d’être nommé : j’ai été envoyé labourer la partie Ouest du Plateau de Saclay où se regroupent, depuis une dizaine d’années, la plupart des grandes écoles parisiennes. Me voici donc aumônier de cinq écoles d’ingénieurs : l’École polytechnique (l’X), l’ENSTA, Telecom, l’ENSAE et SupOptique. À regarder mes trois prédécesseurs, je pensais que cette mission était destinée à des experts du travail dans la vigne du Seigneur. Pourtant, une fois de plus dans ma courte vie jésuite, l’obéissance vécue dans la rencontre avec le Provincial est venue élargir ma liberté à des horizons que je n’envisageais pas.

L’Esprit Saint a de l’humour : de deux erreurs de parcours, il a fait une mission. Ancien élève du lycée militaire de La Flèche – passage assez commun pour un fils d’officier -, j’en avais gardé une certaine aversion pour le commandement militaire, qui avait souvent puni l’adolescent frondeur que j’étais. Me voilà militaire* ! Par ailleurs, deux années de classes préparatoires scientifiques et trois années en école d’ingénieurs à Saint-Étienne m’avaient profondément ennuyé. La décision de me réorienter vers le droit et la science politique redonna du goût aux études et me permit de découvrir… puis d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Après m’être longtemps éloigné des sciences, me voilà aumônier d’ingénieurs !

La vie en abondance

Je dois tout de même reconnaître une certaine constance de mes supérieurs à m’envoyer auprès des jeunes, depuis l’expériment long de noviciat auprès de l’aumônerie de l’ICAM, en passant par les JMJ de Madrid, Rio et Cracovie, les équipes Magis, le collège de Wimbledon, l’aumônerie de HEC, le Centre Laennec Lyon pour ma régence… sans oublier les deux années comme aumônier des classes préparatoires de Saint-Louis de Gonzague, notre collège parisien, années pendant lesquelles j’ai eu la joie d’être ordonné ! Leur décision n’était peut-être pas sans faire écho au bonheur que j’ai trouvé dans ces missions et l’émerveillement qui me saisit à écouter la douce musique de l’Esprit dans la liberté balbutiante de ces jeunes.

S’il est bien tôt pour nommer ce qui se joue actuellement, le besoin de tendre l’oreille est d’autant plus aigu que bien des manières de faire sont remises en cause. Passé un premier temps de sidération quand l’une ou l’autre école se ferme à la possibilité de se réunir, il faut apprendre à jouer, dans une autre tonalité, la musique qui m’a appelé dans la Compagnie et que je brûle de continuer de porter : celle d’un Seigneur « venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10).

Gonzague Lalanne-Berdouticq sj
Communauté de Versailles

* L’École polytechnique est une école militaire.

En savoir +

> sur lengagement des jésuites au service d’aumônerie dans l’enseignement supérieur

Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2020), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien ou envoyez vos coordonnées (adresse électronique/postale) à communicationbxl[at]jesuites.com.