À Penboc’h, les jeunes repensent leur boulot les pieds dans l’eau

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Du 20 au 24 août 2022, les jeunes adultes entre 25 et 35 ans sont invités au centre spirituel jésuite de Penboc’h pour la troisième édition de “Repenser mon boulot les pieds dans l’eau !”, session sur le thème de la vie professionnelle. Membres du Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC), de la Communauté de Vie Chrétienne (CVX), du Réseau Magis et d’ailleurs, ils viennent de toute la France. Témoignages.

Réfléchir ensemble dans un cadre ressourçant

Lorraine Meurisse témoigne de ce qu’elle a vécu lors de la session en 2021 :

« Repenser mon boulot les pieds dans l’eau » : la promesse séduisante du MCC sonnait comme une joyeuse invitation à faire une pause pour mettre son travail en perspective, mais aussi son rapport à la nature et aux autres. Le tout dans un cadre ressourçant et inspirant. Les pieds dans l’eau (au sens propre) pour contempler la beauté de la Création. Promesse tenue !

Les défis qui se présentent aux actifs aujourd’hui sont nombreux. Ils peuvent aussi être décourageants si on les appréhende seul. C’est bien là la force d’une session comme celle de Penboc’h : ouvrir un espace de réflexion collective. La richesse des échanges entre nous fut d’ailleurs à la mesure de celle des parcours de vie de chacun, dévoilés petit à petit, au fil des jours et des temps de partage.

À l’heure de cueillir les fruits de cette session, je retiendrai essentiellement trois notes d’espérance pour l’avenir. Premièrement, que le collectif est un formidable terreau d’idées et un puissant moteur pour agir. Ensuite, que les jeunes chrétiens (de Penboc’h et d’ailleurs !) sont dans le monde comme un levain qui ne demande qu’à lever. Enfin, pour reprendre les mots de Madeleine Delbrêl, que nous portons en nous « le germe de toutes les transformations nécessaires ». À nous de le faire mûrir !

> Lire la suite du témoignage sur le site du MCC

Jour 1 : “Comprendre”

Adrien, qui a participé à la session en 2020, raconte ces quatre jours à Penboc’h.

À travers quatre journées thématiques, nous avons ont cheminé ensemble pour mieux comprendre les enjeux écologiques et réfléchir à nos engagements professionnels et personnels. La première journée, intitulée “Comprendre”, avait pour but de nous faire mieux saisir l’urgence de la crise, de découvrir ou redécouvrir la pensée du pape François sur ce sujet et de mieux cerner les tensions de l’engagement écologique au sein du monde professionnel.

Elena Lasida, docteur en sciences économiques et sociales et professeur à l’Institut catholique de Paris, nous a fait une présentation de l’encyclique Laudato si’ du pape François, notamment à travers trois axes de lecture “Tout est lié, tout est donné, tout est fragile” invitant respectivement à “l’interdépendance, la gratuité et la créativité”.

Session repenser son boulot les pieds dans l'eau à Penboc'h

Une table ronde a ensuite eu lieu avec Max Schaffer, directeur de l’association d’insertion Optim-Ism à Lorient, Marc Mortureux, ancien haut-fonctionnaire et travaillant désormais dans le secteur automobile, et Elena Lasida. Par les témoignages et les questions/réponses, nous avons notamment pu sentir la tension entre “s’engager en dehors du système” et “changer les choses de l’intérieur”.

L’après-midi a été consacrée à des ateliers inspirés du Travail qui relie (des exercices pour “réveiller les participants et les inviter à jouer leur rôle dans la création d’une société soutenable”). A travers des temps en petits groupes et des jeux, nous étions invités à prendre conscience personnellement de l’urgence écologique et de la manière dont nous sommes interdépendants en étant à l’écoute de nos émotions et sentiments.

La projection du film “ En quête de sens” (réalisé en 2014 par Nathanaël Coste et Marc de La Ménardière avec Vandana Shiva et Pierre Rabhi), en fin de soirée, est venue conclure cette journée riche en contenu.

Jour 2 : “Ouvrir nos horizons”

La deuxième journée de la session nous a fait sortir de Penboc’h pour aller à la rencontre d’acteurs locaux de la transition écologique : un paysan-boulanger, une ferme bio, un maraîcher associatif œuvrant avec des personnes en réinsertion, une brasserie bio… Répartis en quatre groupes d’une quinzaine de jeunes, nous avons pu échanger sur le terrain avec professionnels qui repensent leur métier à la lumière de l’écologie.

Malgré la chaleur, nous avons continué à nous intéresser à l’écosystème local l’après-midi via une présentation du parc naturel régional du Morbihan suivie d’une balade contée et d’une présentation de la flore locale par une herboriste. Une veillée “trois ambiances” est venue conclure cette riche journée. Nous avons pu écouter et réciter des poésies, imaginer à travers un jeu la vie en 2050 ou bien simplement profiter de la soirée face à la mer.

“J’ai été tout particulièrement marquée par la rencontre avec David et Karine du Moulin Saint Germain. Ils nous ont fait voir leur quotidien mais aussi et surtout leur cheminement progressif pour construire un projet de vie à leur image et la façon dont il évolue encore aujourd’hui. Un partage d’expérience édifiant qui invite à mener à son tour cette réflexion de fond sur la façon de construire sa vie en cohérence avec soi-même et les valeurs que l’on souhaite porter.” – Raphaëlle

« Cette journée était une invitation à se laisser déplacer et surprendre au contact d’acteurs de la transition écologique et sociale. Ils inventent des schémas différents, en partant parfois de pas grand chose mais avec mille idées et en ayant toujours à cœur de concilier le soin du collectif et de l’environnement. La joie et la confiance tranquille qu’ils dégagent sont vivifiantes ! » – Marion

Jour 3 : “Et moi ?”

Le troisième jour fut l’occasion, après avoir beaucoup entendu et vu, d’en venir à une réflexion plus personnelle. Une prière personnelle guidée a été proposée le matin. Le père jésuite Olivier Barreau a présenté ensuite la vie d’Ignace de Loyola et le discernement ignatien. Un temps personnel en silence a été enfin proposé le reste de la matinée pour s’interroger sur des projets et petits pas concrets dans lesquels s’engager.

L’après-midi, comme chaque jour, un temps de partage en petite équipe a eu lieu ainsi qu’un atelier pour réfléchir à la finalité de la vie propre à chacun. Le temps après le goûter (et la baignade) a été mis à profit pour préparer une veillée festive. Chaque petite équipe d’environ 8 jeunes avait préparé un bout du spectacle du soir : chant, jeux, danse, sketch, conte musical… le programme fut varié.

Après des apports et des témoignages forts et denses, il était indispensable de se recentrer sur soi afin de sentir les choses intérieurement. La vie de saint Ignace racontée dans la matinée m’a parue particulièrement actuelle et proche de ma propre expérience : d’abord avec ce temps d’arrêt auquel le jeune homme a été forcé comme nous l’avons été avec les deux mois de confinement. Ensuite par cette question : suis-je vraiment heureux et porté par mon travail qui semble me plaire ou suis-je moi aussi en train de nourrir un imaginaire d’un monde révolu ?” – Éloi

Jour 4 : “Et nous ?”

Lors de la matinée du dimanche, nous avons pu proposer des ateliers de réflexion pour élaborer du contenu avec lequel repartir : réflexion autour des éco-lieux, comment soutenir la RSE dans son entreprise, préparation du congrès MCC à Nantes, finance verte…

“L’atelier de réflexion sur la thématique « vivre dans un éco-lieu » a été introduit par un partage d’expérience sur le Campus de la Transition de Forges. Nous avons longuement discuté des questions de gouvernance pour un tel lieu de vie où il existe des communs. Quel partage du foncier, du temps et des moyens financiers de chacun dans un éco-lieu ou un oasis ? Un point majeur soulevé par le groupe a été la nécessité de rester ouvert au monde, en gardant des engagements dans la cité auprès des décideurs et des plus démunis. « Accueillir la fragilité » au travers de certaines activités comme l’agroécologie ou les métiers de l’artisanat nous est apparu important une fois l’organisation du lieu stabilisée.” – Pierre-Antoine

Une messe très joyeuse dans la chapelle de Penboc’h est venue conclure cette session mêlant réflexion, action, spiritualité et temps de détente (malgré le programme chargé, le temps libre pour profiter du magnifique parc et de la plage a été pleinement mis à profit !). Nous sommes repartis aux quatre coins de la France. Qui sait ce qui naîtra de ce moment de formation, réflexion et convivialité passé ensemble ?!

Pour en savoir plus :

> Les jésuites et la famille ignatienne : découvrir les autres propositions d’été

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