Où en suis-je de ma vie et du sens que je donne à mon existence ? Où en sommes-nous de la vie du monde et de l’évolution de notre société ? Où en sommes-nous de la vie de l’Église et de sa crédibilité à porter l’Espérance ?
Ces questions nous reviennent en force alors que nous avons conscience de vivre des temps de profonds changements et de grandes mutations. Les événements actuels – pandémie, bouleversements sociaux, culturels et religieux, crise écologique… –, tels des boulets de canon, nous bousculent et nous éprouvent parfois. Ils nous obligent à nous arrêter pour savoir vraiment ce que nous voulons et ce que nous ne voulons plus. Et à chercher par où passent les chemins vers demain.
La période qui est la nôtre ressemble beaucoup à celle qu’a vécue Ignace de Loyola il y a 500 ans. Depuis le premier boulet de canon qui, le 20 mai 1521 à Pampelune, fera basculer sa vie en fracassant sa jambe, il vivra d’autres bouleversements, d’autres événements qui l’obligeront à revisiter ses projets et à modifier sa course dans une Europe déchirée par les guerres de religion, et avide de nouveaux horizons tant scientifiques que géographiques. À travers tours et détours, il découvrira une nouvelle manière d’envisager son existence. Il découvrira surtout ce Dieu qui le guide au milieu de ce qui s’ouvre à ses yeux et à son cœur. Un chemin de conversion où il percevra que la fécondité de son existence ne dépend pas de la seule force des poignets.
Nous ouvrons en ces jours une année pour nous souvenir de l’aventure d’Ignace et de tant d’autres, tel François-Xavier qui sera canonisé avec lui le 16 mars 1622, il y a 400 ans. Une année ignatienne avec tous ceux qui partagent cette même manière de regarder le monde que Dieu ne cesse d’aimer. Et d’y être engagés à la suite de son Fils. Une année pour nous, comme une occasion à saisir, pour entendre à quelles conversions, à quelles confiance et créativité nous poussent tous les boulets de canons, même les plus pesants, de nos vies.
Alors, ne passons pas à côté de cette année ! Bien sûr, il y aura – nous l’espérons – ce moment important de joie à Marseille, en famille ignatienne et avec nos amis. Mais il y aura surtout ce que nous déciderons, seul et avec d’autres, pour renouveler nos vies à l’écoute de Celui qui fait toutes choses nouvelles. Soyons sûrs qu’en nous voyant ainsi en chemin, notre Père Ignace ne regrettera pas son premier boulet de canon. Le premier de tant d’autres, le début de tant d’histoires nouvelles avec Dieu.
François Boëdec sj (Provincial)
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