Nous sommes la Compagnie de Jésus, une communauté religieuse catholique romaine composée de prêtres et de frères, fondée il y a près de 500 ans par un soldat devenu mystique, Ignace de Loyola. Mais la plupart des gens nous appelle tout simplement : « les jésuites ». En accord avec la vision de notre fondateur nous cherchons « à voir et trouver Dieu en toutes choses ».
Nous nous consacrons à la « plus grande gloire de Dieu » et au bien de toute l’humanité. Et nous le faisons avec gratitude, en collaboration avec d’autres personnes qui partagent nos valeurs, y compris les laïcs. Ils font désormais partie de « nous », la famille élargie de Jésus. Notre collaboration avec les laïcs découle de notre relation personnelle avec le Christ. Nous nous percevons comme des compagnons de Jésus et nous invitons les autres à se joindre à nous, en tant qu’amis dans le Seigneur. Ensemble nous bâtissons le corps du Christ. Avec nos amis et nos partenaires, nous allons dans le vaste monde, là où est Dieu. Selon nos expériences et suite à nos réflexions, nous savons qu’un sens, une valeur et un dessein divin se trouvent en « toutes choses ».
A partir de ce mois, le bulletin Jésuites dans le monde publiera des éditions spéciales intitulées « Conversations avec le Père Général Adolfo Nicolás » traitant divers aspects de la vie des jésuites. Dans la première de ces éditions, le Père Général parle de la vie communautaire des jésuites au P. Patrick Mulemi, Directeur du Bureau des Communications et Relations Publiques de la Curie Généralice de Rome.
La 35ème Congrégation Générale a traité le sujet de la Communauté comme mission (D.3, N°41). Dans l’une de vos lettres, vous avez suggéré que les Jésuites considèrent la communauté comme une sorte de «ministère». Qu’entendez-vous par là ?
Notre ministère auprès des laïcs et la visibilité que nous avons en tant que communauté ont radicalement changé. Nous n’avons plus de « clôture » et toutes nos communautés ont amélioré l’hospitalité, ce qui est une très bonne chose. Même nos tables sont désormais plus ouvertes aux gens, ceux-là mêmes que nous considérions auparavant comme «étrangers». Cela signifie, entre autres choses, que la qualité de notre vie communautaire, la profondeur et la joie de nos conversations et de nos échanges, sont maintenant transparentes et, en tant que telles, sont perçues par les laïcs comme un service ou un scandale. Par conséquent, construire une communauté et prendre soin des membres qui la constituent ont une grande valeur dans notre vie apostolique.
Il semble que la vie de la communauté soit généralement une préoccupation chez les jésuites. Pourquoi, à votre avis, la vie communautaire est-elle un lieu de combat dans la Compagnie ? Quels sont les principales maladies qui menacent la vie communautaire dans la Compagnie aujourd’hui ?
Je ne peux pas vous donner une explication globale des raisons. Je peux parler de ma propre expérience, qui rejoint celle de beaucoup d’autres dans le passé. Nous étions initiés à la vie communautaire à travers les écrits des saints moines et autres ermites de jadis. Je n’ai jamais entendu parler dans mes premières années comme jésuite de ce que j’ai pu lire plus tard. Autrement dit, la « communauté en général » n’est pas un thème qu’aborde le Nouveau Testament. Dans le Nouveau Testament nous ne trouvons pas de définitions de ce qu’est ou n’est pas une communauté ; en revanche, nous trouvons de nombreuses caractéristiques des attitudes chrétiennes qui construisent la communauté, et des invitations à faire ce qui est bon pour l’autre. Dans les lettres de Saint Paul, nous trouvons plus de 80 expressions qui désignent le pardon mutuel, l’entraide, le soutien, la patience envers l’autre, le fait de porter les fardeaux les uns des autres, l’encouragement et ainsi de suite. Je peux comprendre l’omission de ce qui était encore l’objet de recherches. Je tente simplement d’expliquer pourquoi c’est une question parmi les jésuites.
Comment l’addiction au travail contribue à rendre difficile la vie communautaire ? Avez-vous des suggestions pratiques pour atténuer ces problèmes ?
Je pense qu’il y a chez tous une tendance à s’identifier avec ce que nous faisons, avec nos responsabilités … et, le moment venu, avec notre position sociale, que nous voulons assumer le mieux possible. Le problème est aggravé par le fait que, si vous êtes doué, les demandes vont pleuvoir sur vous. Plus nombreuses sont vos capacités de servir, plus vous devez discerner la répartition de votre temps. Nous ne pouvons pas tout faire. Pour un bon ministère, nous avons besoin de concentration, d’étude, de réflexion et de temps. La dispersion de l’attention et des énergies ne favorise pas la profondeur évangélique ni la créativité nécessaires à notre ministère.
> Source : la Curie jésuite à Rome
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