Né en 1937, à Emmen, dans le canton de Lucerne (Suisse), Bruno INEICHEN est l’aîné d’une famille de cinq enfants. À plusieurs reprises, pendant son adolescence, il vient en Belgique pour apprendre le français tout en travaillant. C’est dans ce cadre qu’il découvre la Compagnie de Jésus.
En 1955, il entre au postulat, puis au noviciat d’Arlon. Il y reste, tout au long de sa formation de jeune Frère, jusqu’à ses derniers vœux, qu’il prononce le 2 février 1968. Il rend divers services, principalement à la sacristie et à l’infirmerie dans cette grande communauté qui connaît le noviciat ainsi qu’un Centre spirituel.
En 1969, Bruno est envoyé à Wépion où il est nommé sous-ministre et sacristain. Mais surtout il prend en charge l’infirmerie, au troisième étage du bâtiment. Celle-ci va prendre une vraie extension pendant les 24 années qui suivent. Bruno travaille sept jours par semaine à soigner, accompagner, veiller sur de très nombreux compagnons, jusqu’à leur dernier souffle. Du lever au coucher, de la cuisine à la chapelle, du soin médical à la prière, Bruno veillait sur chacun, et dans tous les moments et tous les aspects du quotidien. Deux fois par an, il était remplacé par un novice – entre-temps le noviciat belge francophone s’était également installé à Wépion –, le temps d’un retour en famille et le temps de sa retraite personnelle. Son accent et ses expressions succulentes ont fait le délice des générations de novices qui sont passés par La Pairelle.
En 1993, la santé de Bruno craque brutalement : il a besoin de repos et doit quitter Wépion. Après quelques mois pour se remettre d’aplomb, il part pour Verviers où il est sous-ministre, sacristain et… infirmier ! Bruno est particulièrement attentif à l’accueil des pauvres auxquels il se consacre avec beaucoup de tact et de dévouement. Il visite aussi les malades à la clinique Sainte-Elisabeth et, de 2000 à 2006, fait partie de l’équipe d’aumônerie.
En 2006, il rejoint la maison de Godinne où il aide le ministre ; là aussi il est particulièrement attentifs aux compagnons plus âgés. C’est en 2011 qu’il arrive à la communauté Saint-Claude La Colombière (Bruxelles) où il reste attentif à donner de nombreux coups de main, tout en assumant pleinement le ministère commun de cette communauté : prier pour le monde, l’Église et la Compagnie.
Frère Bruno restait très attaché à son pays natal. Gardant la double nationalité, il retournait en Suisse deux fois par année, jusqu’à ce que les limitations de l’âge réduisent puis empêchent progressivement ces voyages.
Bruno était un homme de paix et de service, de bonne humeur et de fidélité. Il assumait ses fragilités avec beaucoup de courage. Il a toujours été très heureux dans la Compagnie de Jésus, tant des communautés que des « status », affirmait-il avec beaucoup de sincérité.
À son rythme, paisible mais infatigable, il continuait à rendre service, veillant particulièrement au bon ordre de la salle à manger, service qu’il assuma jusqu’au bout. Il s’est éteint paisiblement, au matin du 27 novembre, peu avant l’eucharistie.
Jean Marie FAUX sj, Guy VANHOOMISSEN sj et André de L’ARBRE sj