Le dernier numéro de la collection « Les Essentiels » de la revue Études, publié le 12 février dernier, porte sur la question animale. Explications du choix de ce thème par la rédactrice en chef adjointe de la revue Études, Nathalie Sarthou-Lajus.
Après le défi des migrants, les questions de bioéthique, la montée des populismes, le succès de la méditation et l’avenir de l’Église, voici un nouveau titre sur un sujet sensible de société dans la collection « Les Essentiels » de la revue Études : « la question animale ». Depuis une dizaine d’année, c’est devenu « une cause » éthique et politique majeure. Nous n’avons pas voulu dans ce livre faire un état des oppositions virulentes entre les spécistes (partisans d’une spécificité de l’humain) et les anti-spécistes, les végétariens et les carnivores, les partisans de la corrida et les anti-corridas, mais davantage essayer de comprendre pourquoi notre manière de considérer les animaux à changer, au point que certains songent désormais à en faire des « sujets » de droit à part entière.
Un changement de regard de l’homme sur l’animal
Grâce aux progrès des connaissances en éthologie, nous reconnaissons aux animaux une sensibilité. Nous ne les considérons plus comme des objets que nous pouvons manipuler à notre gré. Plus attentifs au bien-être animal, nous condamnons désormais les mauvais traitements qu’ils subissent dans les élevages et les abattoirs industriels. Ce changement de regard sur l’animal est-il un signe de la mauvaise conscience de l’humain, à un moment de l’histoire où ce dernier doute particulièrement de son identité ? Nous voyons-là plutôt une occasion d’un élargissement de l’humanisme, en envisageant une meilleure cohabitation avec les autres êtres vivants. Le christianisme ne manque pas de ressources pour accompagner ce changement, de l’interprétation des textes bibliques jusqu’à l’encyclique Laudato Si’.
Dans l’esprit interdisciplinaire de la revue Études, nous avons rassemblé des articles de sociologue, philosophe, scientifique, bibliste qui nous éclairent sur ce changement de regard sur l’animal, ses conséquences directes sur l’élevage et dans notre alimentation. Une chronologie et un lexique contribuent à rendre les complexités de ces enjeux accessibles au plus grand nombre.
Nathalie Sarthou-Lajus
Rédactrice en chef adjointe de la revue Études