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Après quelque 150 ans de présence à Charleroi, les jésuites ont fait leurs adieux à la cité hennuyère le 19 septembre dernier. Paroissiens, anciens élèves et membres du corps enseignant se sont rassemblés au Collège du Sacré-Cœur pour remercier la communauté des jésuites et rendre grâce pour leurs décennies de service.
La présence de la communauté jésuite à Charleroi a une longue histoire et un rayonnement riche de tant de générosité et d’attention active aux autres. Venu en 1875 pour promouvoir le culte du Sacré-Cœur, les jésuites continuèrent l’année suivante par la reprise d’un petit collège qui grandira au rythme des années et de la belle évolution de son enseignement, pour être aujourd’hui un lieu d’accueil d’élèves, ouvert au monde interculturel et interreligieux.
Nous laissons deux missions importantes pour la ville :
- une mission d’éducation par le Centre scolaire constitué d’un bâtiment pour l’enseignement primaire (plus de 500 élèves), d’un bâtiment pour l’enseignement secondaire (environ 1 000 élèves) et d’un institut d’enseignement technique (environ 800 élèves) toujours animé par la spiritualité et la dynamique pédagogique ignatienne et conduit par des laïcs engagés dans la même mission.
- une mission spirituelle par la très belle chapelle construite en 1975 sous l’œil avisé du peintre verrier, le Père Bouler, jésuite. Ses vitraux sont des chefs d’œuvre ! Cette chapelle est un lieu sacré pour beaucoup de chrétiens de la région de Charleroi par sa beauté et par sa situation dans la ville. Après notre départ, la chapelle continuera d’être un lieu de célébration et sera animée par l’unité pastorale.
L’heure est au départ, à la fois celui hors des murs de la ville, mais aussi, pour chacun de nous, un nouveau départ pour aller renforcer d’autres communautés de la province EOF. Il nous reste bien d’autres choses à accomplir, à témoigner, à donner !
P. Robert Huet sj
Dernier supérieur de la communauté de Charleroi
> Téléchargez le livre-souvenir « Jésuites, des vies, une mission »
Extrait de l’intervention du P. François Boëdec, Provincial EOF
« Il peut paraître paradoxal que nous, jésuites, nous nous retirions de Charleroi au moment même où la Compagnie de Jésus célèbre une année ignatienne. Cette année commémore en effet les 400 ans de la canonisation d’Ignace de Loyola, mais aussi les 500 ans du boulet de canon qui, en 1521, changea le cours de sa vie. Le fondateur des jésuites s’est laissé guider par le Seigneur, notamment par une série d’événements pas toujours agréables, qui ont frustré ses premiers projets et ses envies immédiates. Pourtant, il ne s’est pas laissé décourager, mais a vécu beaucoup de boulets de canon comme des opportunités pour vivre encore plus libre et mettre sa confiance dans le Seigneur. Cela valait la peine, quand on voit la fécondité de son chemin, qui conduira à la fondation de la Compagnie de Jésus et au service de tant d’hommes et de femmes, partout dans le monde, durant des siècles. Ici, à Charleroi, pendant presque 150 ans.
Si les jésuites s’en vont, nous ne laissons pas un terrain vierge. D’autres poursuivront le travail. Je pense notamment aux équipes pédagogiques du Collège du Sacré-Cœur et de l’Institut d’études technique Notre-Dame. Il y a deux ans, la Compagnie de Jésus a mis en lumière des préférences apostoliques universelles, approuvées par le pape, pour guider son action dans les années à venir (…).
Je crois que ces préférences, surtout les trois premières, illustrent bien le travail accompli ici à Charleroi par les jésuites, et que ces préférences, ces idéaux pourront inspirer pour l’avenir les chrétiens, les amis des jésuites et ceux qui se sentent proches de la spiritualité ignatienne, ici à Charleroi. Les liens avec les jésuites demeureront. Ce n’est pas un adieu que nous disons, mais un au revoir. Dans six semaines, par exemple, nous vivrons à Marseille un grand rassemblement de la famille ignatienne. Je me réjouis beaucoup que des membres des établissements scolaires ainsi que des équipiers de la Communauté de Vie Chrétienne de la région fassent le déplacement pour « Avancer au large avec Ignace », comme nous y invite le thème de ce grand rassemblement.
Je rends grâce avec vous dans cette eucharistie pour le travail accompli par des générations de compagnons jésuites, de différentes manières, ces 150 dernières années. Pour tous les fruits de cette présence, au service de la jeunesse, de la société, de l’Eglise en ce diocèse. Mais je souligne aussi avec reconnaissance la grande liberté intérieure des derniers compagnons jésuites qui ont reçu leur nouvelle mission au début de l’été, parfois à un grand âge : ce n’est jamais facile d’être les derniers. Leur liberté intérieure est un dernier témoignage qu’ils vous laissent. En particulier je tiens à remercier, en notre nom à tous, le P. Robert Huet qui a rendu cette célébration et cette journée possibles : il se donne jusqu’au bout dans sa mission de dernier supérieur de la communauté du Sacré-Cœur. Je termine enfin en vous exprimant combien je me réjouis que cette chapelle demeure ouverte à la prière de toutes celles et de tous ceux qui le désirent, et que l’eucharistie y soit encore célébrée grâce aux prêtres de la ville. »
P. François Boëdec sj
Provincial EOF
« Les Jésuites de Charleroi ont fait leurs adieux »
> Un reportage de Marie Lebailly – diocèse de Tournai pour Cathobel
Après près de 150 années de présence à Charleroi, les jésuites ferment leur communauté, la dernière encore présente dans le diocèse de Tournai. […].
Ce dimanche 19 septembre, nombreux étaient ceux qui avaient rejoint le collège fondé par leur communauté pour une messe d’action de grâce en leur honneur, présidée par Mgr Harpigny. A ses côtés se trouvaient le Supérieur Provincial, le père François Boëdec, et le Doyen de Charleroi, l’abbé Daniel Procureur. Parmi l’assemblée, certains étaient venus de loin pour remercier les pères jésuites du travail effectué pendant si longtemps. Jeunes ou moins jeunes, tous avaient pour eux une pensée émue.
Dans son homélie, l’évêque a souligné : « L’événement qui nous rassemble ce dimanche matin n’est pas une liturgie de funérailles […]. Nous ne célébrons pas la mort d’une communauté. Nous rendons grâce à Dieu pour tout ce qu’il nous donne de vivre au jour le jour. »
Et, en effet, tout au long de la matinée, les termes « rendre grâce » et « merci » ont été régulièrement prononcés par les différents intervenants mais aussi par les membres de l’assemblée. « Comme évêque de Tournai, avec tout le peuple de Dieu en Hainaut, je rends grâce au Seigneur pour le témoignage de l’Evangile manifesté par les Jésuites à Charleroi », a répété Mgr Harpigny. « En étant envoyés dans d’autres lieux, les jésuites ne mettent pas fin à la mission à Charleroi. Parmi les aspects de cette mission, nous avons tout ce qui concerne l’éducation des jeunes et la chapelle. »
Un passage de témoin
Même si les jésuites quittent les lieux, ils laissent derrière eux un héritage qui leur survivra, tant au niveau de la philosophie et de la spiritualité qu’au niveau du patrimoine. Leur chapelle, attenante au Collège, en rejoindra le patrimoine. Elle restera ouverte et l’Eucharistie continuera d’y être célébrée par les prêtres de l’Unité Pastorale de Charleroi.
Cette célébration était aussi l’occasion d’officialiser la transmission entre les pères jésuites et les équipes enseignantes. « Si les jésuites s’en vont, ils ne laissent pas un terrain vierge », a souligné le père Boëdec. « D’autres poursuivent le travail. Je pense notamment aux équipes pédagogiques du Collège du Sacré-Cœur et de l’Institut d’études techniques Notre-Dame (…) Les liens avec les jésuites vont demeurer[…]. »
Jésuites, des vies, une mission
A la fin de la célébration, le père Huet a présenté à l’assemblée une plaquette illustrée qui reprend l’historique de la communauté et les témoignages des derniers pères. Une façon de laisser un dernier témoignage derrière eux avant de tirer leur révérence…
En savoir +
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