Adrien TOULORGE est né à Tananarive en 1925. Émile, son père, était commerçant ; son épouse, Jeanne KOENIG, lui avait donné trois enfants. L’un d’eux, Cyrille, habite la Réunion et ses enfants gardent un souvenir vivant et admiratif de leur oncle.
Adrien a suivi toute sa scolarité à Tananarive – il était à l’aise aussi bien en malgache qu’en français – tantôt au Collège Saint-Michel, tantôt au Lycée Gallieni. Pour les études supérieures, il prépare l’École Navale à Casablanca, au Lycée Lyautey, de 1944 à 1946. Il effectue son service militaire dans la marine, d’abord, une année à l’école des chefs de quart, avant de regagner Madagascar pour terminer son service militaire à Tananarive. Sans doute réfléchit-il à entrer dans la Compagnie ? Un remplacement au Collège Saint-Michel lui permet de mûrir sa vocation ; il rejoint le noviciat de la Compagnie à Mons (Gers) le 4 décembre 1946. Il a vingt et un ans.
Adrien suit le parcours habituel qui mène du noviciat à l’ordination. Il est ordonné prêtre, le 28 juillet 1957. Vécu à Saint-Martin d’Ablois, sous la responsabilité du P. DELCHARD, le Troisième An achève sa formation.
À la rentrée scolaire 1959, Adrien est de retour à Madagascar. Il commence par une période pastorale : ministre de Faliarivo, pendant une année, vicaire en paroisse pendant quatre ans. Mais, très vite, il est attiré par le large. L’armée lui permet de répondre à ce tropisme dès 1966. Son apostolat d’aumônier militaire le fera voyager. Il dessert le 1er Groupement des Missiles Stratégiques d’Apt. Il passe à plein temps, en 1970, et au statut d’aumônier militaire auxiliaire, en 1974. Muté en 1979 à la base aérienne 132 de Colmar-Meyenheim, il revient quatre ans plus tard à la Réunion et retrouve le statut d’aumônier civil au profit des unités de la Réunion et de Mayotte. De 1991 à 1995, il continue à œuvrer sous statut d’aumônier bénévole tout en étant curé de paroisse.
Adrien se consacre, ensuite, à la vie paroissiale à temps-plein. Pour répondre à un manque de juge à l’officialité diocésaine, il étudie le droit canonique par correspondance en s’inscrivant à la faculté de Strasbourg. Il passe ses grades pouvant, ainsi, exercer la fonction de juge à l’officialité du diocèse. Ceux qui le connaissaient disaient qu’Adrien avait davantage un tempérament d’avocat que de juge : il avait tendance à privilégier les personnes par rapport aux normes canoniques.
Fin juin 2003, il arrive à la communauté de Lille-Stations. À soixante-dix-huit ans, il est encore actif et réactif : son originalité et sa bonne humeur le font apprécier de tous.
Ces dernières années, il communiquait peu sinon par l’eucharistie qu’il recevait, pieusement, à la messe quotidienne, et par quelques paroles échangées avec celle (ou celui) qui l’aidait à la toilette du matin.
Adrien laisse le souvenir d’un homme dévoué, généreux, loyal, capable, cependant, de se mettre en colère ; sa « carrière » dans l’armée ne l’a pas empêché de s’intéresser et de s’investir pastoralement dans les lieux où il exerçait sa charge d’aumônier. « J’étais malade et vous êtes venu me visiter », cette parole de Jésus a beaucoup compté pour Adrien : de Madagascar à la Réunion, il était très disponible pour se rendre au chevet d’un malade. Aumônière de l’hôpital de Saint-Denis, Sœur Marie-France pouvait l’appeler à n’importe quelle heure, Adrien se faisait un grand devoir de répondre présent.
On peut penser que le Seigneur s’en est souvenu le jour où Adrien s’est présenté devant lui.
Thierry GEISLER sj