Denis Delobre s’en est allé dans une grande discrétion, poussé à se recueillir pour ce qu’il avait à vivre dans ce passage à Dieu. Lors du sacrement des malades, il nous disait : « Des raisons plus ou moins agréables nous sont imposées. L’essentiel est de nous poser, de me poser… Confiance de ne pas imaginer mais vivre moment présent après moment présent…. Ce temps qui m’est donné est une piste d’envol vers une manière d’être et de vivre nouvelle ».
Sa vie a été marquée par la mort dès sa jeunesse : sa sœur décédée avant qu’il ne naisse à St-Etienne, son père tombé au champ d’honneur en mai 1940. Il a aussi reçu une force de vie incroyable à travers sa mère qui fut un point fixe dans un réseau de Résistance jusqu’à accueillir un jour dans sa maison un évadé qui se nommait François Mitterrand. Il dut quitter le Collège jésuite de manière précoce pour aider sa mère dans l’entreprise familiale et devint représentant de commerce en alimentation. En 1958, lors du pèlerinage militaire de Lourdes, il entend l’appel de Dieu à la Compagnie de Jésus où il entre à 25 ans. Il gardera de sa jeunesse stéphanoise un regard positif sur la vie et sur lui-même, une force de conviction et de persuasion, une parole courageuse et fraternelle, une capacité à accompagner vers la vie. Sans parler de son sens de l’humour dont tous ont bénéficié lors de nombreuses « gaudiosa » !
Après sa théologie à Fourvière et son ordination (juillet 1968), il est envoyé à l’Ecole technique du Marais Sainte-Thérèse à St-Etienne. Ses capacités relationnelles, ses talents de pédagogue (il développe la méthode Ramain) font merveille. En 1976, le voilà Vice-Provincial des Régions de France Méditerranée ; il gardera un souvenir lumineux du Père Arrupe. Puis il accueillera dix générations comme maître des novices et collaborera avec les religieuses ignatiennes les invitant toutes à « vivre en vérité le présent ». En 1991 il arrive à Purpan (Ecole supérieure d’agriculture de Toulouse). Il y crée, avec les laïcs de l’institution, la formation humaine et l’accompagnement des élèves. Il leur fait découvrir saint Ignace jusqu’à encourager certains à fonder l’association « Va et Deviens ». Depuis ce moment-là, puis à Nantes et à Paris, il entame une longue collaboration avec le CEP-I (Centre d’Etudes Pédagogiques Ignatien). A Paris-Raynouard, il rencontrera avec bonheur de jeunes jésuites venus du bout du monde pour étudier la théologie et cette joie sera bien réciproque.
Jean-Marc FURNON sj (Paris-Raynouard)