Denis VASSE est né le 13 Septembre 1933, à Aïn-Bessem, village des hauts plateaux de l’Algérois, où son père était agriculteur et sa mère institutrice. Il fit ses études secondaires au collège Notre-Dame d’Afrique à Alger (1945-1951), puis ses études de médecine à l’Université d’Alger (1951-1958).
Avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus, à 25 ans, Denis a vécu une histoire personnelle profondément marquée par la violence qui a bouleversé ce pays où il est né. Il fut même arrêté et torturé par les parachutistes pendant la bataille d’Alger. En même temps il s’est trouvé appelé dès son enfance, à prendre en charge une situation familiale en grande détresse.
C’est donc un homme qui a déjà vécu profondément quelque chose de la folie humaine qui entre au noviciat, à Aix en Provence, en septembre 1958. Ce n’est pas sans rapport avec cette expérience que Denis, entre ses études de philosophie à Chantilly et celles de théologie à Lyon-Fourvière, entreprend une psychanalyse en même temps que des études de psychiatrie, de 1964 à 1967.
Il est ordonné en 1970. Il commence alors sa mission en travaillant comme psychanalyste, membre de l’École freudienne de Lacan, dont il sera un temps vice-président. Il établit son cabinet à Lyon-Villeurbanne, en même temps qu’il participe à la fondation d’une nouvelle communauté de la Compagnie, rue des Fantasques à la Croix Rousse, où il résidera de 1972 à 2012.
Dans cette époque d’ébullition et de confusion des années 70, Denis a témoigné d’avoir à vivre en profond combat intérieur, en demeurant au service d’une Parole appelée à être risquée en présence de la folie humaine, en même temps que risquée dans une confidence fraternelle qui fonde, dans l’Église, le corps de la Compagnie de Jésus. Son choix de Lyon pour y exercer son travail de psychanalyste l’a aidé à échapper à la mondanité parisienne qui a emporté tant de ses confrères, tout en ne l’empêchant pas de devenir l’intime de quelqu’un comme Françoise DOLTO, dans une vérité qui a aidé l’un et l’autre.
En même temps son choix de vivre sa vie religieuse dans une petite communauté de cinq jésuites, visait à garder les conditions d’une ouverture à une présence fraternelle fondée sur une Parole autre, celle du Christ, limite à toute dérive dans quelque discours que ce soit, fût-il psychanalytique, fut-il idéologique de quelque confession que ce soit.
Il ne s’agissait pas pour lui, comme pour nous qui avons vécu avec lui, de vouloir réussir une telle mission, mais d’abord de ne pas cesser de désirer l’ouverture à la contradiction qu’elle implique, au combat qu’elle demande, avec ses hauts et ses bas, ses moments de désespoir et de joie, toujours surprenants.
Jusqu’au bout, à travers les dernières années où la maladie l’a réduit au silence, Denis n’a pas cessé de témoigner pour nous de cette contradiction vivante, que, seulement grâce à Dieu, il n’a jamais fui.
Michel FARIN sj (Versailles)