Henri LAMBERT est né le 27 octobre 1931 à Ham-sur-Heure, près de Charleroi. Enfant unique, il fait son école primaire au collège du Sacré-Cœur à Charleroi, mais sera interne au Petit Séminaire de Bonne Espérance pour le secondaire. Il faillit devenir comédien ou avocat. Finalement, après des études de droit et de philologie romane, il entrera au noviciat d’Arlon le 14 septembre 1952.
Durant ses années de philosophie à Eegenhoven (Leuven), il prépare un mémoire de licence en lettres sur Les Heures d’après-midi (1905) d’Émile VERHAEREN. Après deux années d’enseignement, il rejoint la faculté de théologie jésuite à Eegenhoven et sera ordonné prêtre le 6 août 1965. Après le Troisième An à Wépion, il entame une longue carrière d’enseignant, de 1967 à 1992, au collège Saint-Servais de Liège comme professeur de rhétorique (classe terminale). Pour beaucoup, il fut « un maître, un guide, et un grand professeur ». « Il aura marqué mon adolescence, écrit un autre ancien, par son esprit d’ouverture, son analyse critique d’œuvres littéraires, du monde du théâtre, ou encore la découverte d’un chanteur comme Jacques BREL qui venait de décéder (1978) ». Durant ces années, Henri passa régulièrement un mois d’été au Québec pour y donner des cours de français en utilisant les paroles de chansons françaises, ce qui lui donna l’occasion de rencontrer des artistes comme Félix LECLERC, Gilles VIGNEAULT, Robert CHARLEBOIS, Diane DUFRESNE, etc.
Au collège Saint-Servais, le Père LAMBERT put mettre à profit ses talents pour la mise en scène. Chaque année, il montait avec les élèves la « pièce des rhétos ». Il y eut nombre de réalisations ambitieuses : Fuente Ovejuna de Lope de VEGA, Don Quichotte d’Yves JAMIAQUE, Barabbas de Michel de GHELDERODE, L’Oiseau bleu de MAETERLINCK, Peer Gynt d’IBSEN, etc. Henri aimait aussi évoquer le grand spectacle qui fut monté à Bruxelles pour le 100e anniversaire du collège Saint-Michel, avec la complicité de Mr Marc BOURDOUX, directeur du collège, du P. Pierre MOURLON-BEERNAERT, supérieur, d’Alain DENEEF, président des anciens élèves, et du P. Jean PIRSON, responsable de l’église.
Alors qu’il avait décidé d’arrêter l’enseignement à 60 ans, le Provincial lui proposa, suite à une demande du cardinal DANNEELS, lui-même très ouvert à la vie artistique dans ses diverses manifestations, de remplacer l’abbé MICHIELS en tant qu’aumônier des artistes. C’était sans doute une occasion d’aller au théâtre, au concert, à des expositions, mais également d’être une présence ecclésiale dans le milieu artistique, spécialement lors des funérailles. Il y eut également l’animation d’une trentaine de « messes des artistes » à la cathédrale de Bruxelles, le dimanche à 12h30. Pour le compagnon de Jésus, ce fut souvent l’occasion de ressentir la présence du Seigneur au milieu des hommes.
Pendant les dix années de ce ministère, de 1992 à 2002, Henri eut l’occasion de participer à de grands événements à la cathédrale comme les funérailles du roi Baudouin, deux mariages royaux, l’accueil du pape Jean-Paul II. Les artistes sont des créateurs et sont donc naturellement proches du Créateur, disait Henri. Ce sont aussi des êtres libres et qui désirent le rester. Pendant ces années, Henri habitait seul, mais il était toujours rattaché à une communauté et participait régulièrement aux rencontres avec ses frères jésuites.
En septembre 2018, suite à un accident de santé, il avait rejoint la communauté Saint-Claude La Colombière. C’est là qu’il est décédé inopinément le matin du 15 juillet 2021.
Guy VANHOOMISSEN sj