Jean-Marie Faux

P. Jean-Marie Faux (02.05.2022)

Jean-Marie Faux Né à Châtelineau (près de Charleroi), Jean-Marie Faux n’a que 10 ans lorsqu’il perd son père Albert, dont l’engagement social le marque. À l’issue de ses études secondaires (Collège du Sacré-Cœur à Charleroi), il prend ce qu’il appelle la première grande décision de sa vie : il entre chez les jésuites (1941).

Prêtre en 1954, Jean-Marie est docteur en philologie romane (Université catholique de Louvain) et en théologie (Université Grégorienne). Dès 1958, il
enseigne la théologie aux Facultés jésuites d’Eegenhoven (près de Leuven). Il mène aussi nombre d’accompagnements spirituels et retraites spirituelles, fidèlement d’ailleurs jusqu’à la fin de sa vie. En 1968, les Facultés jésuites connaissent une mutation profonde, devenant l’Institut d’Études Théologiques (IET), qui s’établit à Bruxelles dès 1972. Jean-Marie s’y investit amplement. Il publie une solide étude sur La foi du Nouveau Testament (1977).

Au début des années 70, solidaire des étudiants de l’UCL en grève de la faim pour l’accueil des étrangers, il prend la deuxième grande décision de sa vie : « Je demande d’aller en petite communauté », qui permet intensification des liens fraternels et partage de la vie habituelle des gens. Interpellé par la 32e Congrégation générale et son décret 4 (la promotion de la justice comme exigence absolue du service de la foi), Jean-Marie propose – c’est sa troisième décision importante – de constituer une communauté qui amorcerait la constitution d’un Centre d’étude et d’action sociales. La communauté s’établit dès 1978 dans un quartier populaire de Schaerbeek. Son nom « Avec » signifiant solidarité, aux côtés des laissés pour compte. En 1980, le Centre Avec est officiellement institué.

Jean-Marie est un citoyen militant. Il devient secrétaire général du MRAX (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie). Avec des gestes forts : brûlant sa carte d’identité, s’enchaînant aux grilles devant le parlement… Il tisse des liens profonds avec nombre de personnes de tous bords. Et son engagement social se retrouve à l’IET : fruit des travaux d’un séminaire, Jean-Marie publie (1993) Réfugiés et nouvelles migrations – interpellation pour la conscience chrétienne.

Le Centre Avec se solidifie. Le Ministère de la Culture le reconnaîtra en 2009 comme association d’éducation permanente. Colloques, formations, revue (Évangile et Justice, aujourd’hui En Question), Jean-Marie s’y active avec netteté. Ainsi, il peut continuer son travail de réflexion et d’écriture. En 2006, publication de La démocratie, pourquoi ? (Réflexion philosophique et chrétienne sur les fondements de la démocratie). En 2009, un ouvrage fondamental, Au cœur du monde (2009) : les chrétiens partagent avec tous la responsabilité de construire un monde juste et fraternel, le monde selon le cœur de Dieu. Enfin, plus récemment, en 2018, un petit livre remarquable de clarté : L’enseignement social de l’Église.

À la fermeture de la communauté Avec (2009), Jean-Marie rejoint La Colombière. Compagnon apprécié, soucieux de rendre service, il continue même, on l’a vu, à seconder le Centre Avec. À la mesure de ses forces, qui depuis 2020 vont déclinant. Il décède le 2 mai 2022. Messages d’amitié,
hommages émus affluent, venant de bien des horizons. Une vie marquée par l’appel (Mi 6, 8) :

Homme, on t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu.

P. Guy Cossée de Maulde sj
Bruxelles-La Colombière