Léo Duvieusart, né à Charleroi, était le fils de Jean Duvieusart, le premier ministre belge qui, en 1950, aida à dénouer la question royale ; son fils était légitimement fier de lui. Évoquant sa vocation dans l’homélie, lors de ses cinquante ans de Compagnie : « Je me sentais privilégié, dira-t-il, j’avais l’impression que si je répondais à cet appel à la vie de prêtre, je rendrais à Dieu ce qu’il m’a donné, j’acquitterais ma dette. »
Après ses études secondaires à Charleroi puis à Bruxelles (St-Michel), il entre au noviciat à Arlon en 1952. A la suite de ses études de philosophie et deux ans de sciences économiques, il part en 1960 au Congo où il enseigne pendant deux ans, d’abord à Makungika, puis à Kinzambi. Et après la théologie à Eegenhoven, il repart en 1966 pour le Congo à Kikwit Sainte-Marie où il restera jusqu’en 1977, avec une interruption d’un an pour le Troisième An, à Wépion (1968-69). Il y est « vicaire », appellation qui recouvre tout un ensemble de ministères et d’enseignements.
C’est pour répondre autant que possible aux besoins d’éducation, première ou permanente, qu’il a multiplié les publications, en français et en kikongo, sur les sujets les plus variés. On pourrait citer en vrac : DROIT (en collaboration avec le Père de Quirini) : « Voici mon problème, que dit la loi ? » et « Les grands principes du droit pénal. » – THEOLOGIE : un commentaire du credo en trois volumes et des homélies en kikongo pour les dimanches. – AGRICULTURE et botanique. – LITTERATURE : fables de La Fontaine et contes africains – Initiation à la méthode d’ANIMATION des Communautés de Base. – Adaptation en français FONDAMENTAL du livre « Dieu parle à ses enfants ». Mais ce travail acharné – outre l’écriture des ouvrages – comprenait aussi le financement et la diffusion, tâches qu’il a poursuivies après son retour forcé en Belgique, tant que son état de santé le lui permit.
Léo est arrivé à la Colombière en avril 2001. Après un bref séjour à l’hôpital, il a retrouvé une certaine mobilité et repris ses activités. En 2004, il fut victime d’un AVC et, malgré une courageuse rééducation, ne retrouva plus sa mobilité, condamné qu’il fut à la chaise roulante. Il avait pourtant encore repris la tâche et c’est seulement depuis quelques mois qu’il avait renoncé à écrire. Mais il est resté lucide et présent à la communauté jusqu’au bout. Il aimait partager ses souvenirs, ses connaissances, très encyclopédiques, ses préoccupations et aussi ses bons mots. Bon et fidèle serviteur, il est entré dans la joie de son maître, dans la soirée du dimanche 12 mars 2017.
Jean-Marie FAUX sj (Bruxelles-La Colombière)