Michel est né le 26 août 1924, au Bailleul à proximité de La Flèche. Son père est agriculteur ; il est le troisième de six enfants. En 1937, à treize ans, il entre au petit séminaire de La Flèche. À vingt ans il entre au noviciat de Laval, puis il vit le juvénat, toujours à Laval, la philo à Mongré, puis Chantilly. En 1951, une année de régence au Collège Sainte-Croix du Mans, puis, une autre à Évreux. En 1953, c’est la théologie à Fourvière, l’ordination en 1956 et le Troisième An à Paray. En 1958, il est Préfet au Collège de Saint-Sébastien-sur-Loire. Après ses derniers vœux, il devient, en 1960, « Père spirituel de seconde division » au Collège de Vannes, qu’il quitte en 1965, pour rejoindre l’équipe de Châlus, un village de mille cinq cents habitants à trente-cinq kilomètres de Limoges. Il y sera, pendant quatorze ans, ministre et chargé de la paroisse.
En 1979, vient une année de recyclage, puis, il devient aumônier du C.H.U. de Poitiers. Cela ne dure pas : en 1981, il revient au ministère paroissial, à La Barde. En 1984, de nouveau Châlus, chargé de la paroisse. En 1988 enfin – « après, dira-t-il, vingt-quatre ans en paroisse à Limoges » – il rejoint Toulouse, rue des Fleurs : il donne les Exercices et retrouve la Pastorale de la Santé, jusqu’à devenir, en 1992, aumônier de l’hôpital gériatrique de La Grave, sur le site duquel se trouvait aussi le Centre anti-cancéreux Claudius Regaud. Il sera très appuyé dans cette mission par Josette GARDELLE, cadre infirmier, qui témoigne : « Il était très présent dans les services et en gérontologie où il restait encore des personnes âgées, les petits, comme il disait. Un à un, il les a tous accompagnés vers la maison du Père et, avant de quitter, définitivement, Toulouse, il continuait à visiter les deux dernières et il en demandait toujours des nouvelles. Il les retrouve aujourd’hui. » En 1998, il devient responsable de la paroisse de Verfeil, un village de trois mille cinq cents habitants, à une vingtaine de kilomètres de Toulouse. En 2001, il quitte Verfeil et devient exorciste diocésain : un ministère dans lequel, disait-il, il n’avait jamais rencontré le diable, mais beaucoup de personnes en grande souffrance et qu’il fallait soulager.
En 2003, il rejoint la Communauté « Saint-Régis Bagatelle » à Toulouse. Bien que ne faisant pas partie, officiellement, de l’équipe du Centre Spirituel des Coteaux-Païs, il accueille les retraitants et, surtout, les passants quotidiens de toutes les façons, jusqu’à l’Eucharistie : il est toujours là, toujours disponible pour présider si personne ne s’est inscrit. Disponible, sans jamais s’imposer. C’est, toujours, de lui que les passants reparleront : celui que l’on remarque, c’est celui qui ne se fait pas remarquer. Il subit, en 2008, une radiothérapie, radicale contre le cancer. Surdosée, elle lui brûle l’intestin de façon irréversible. Cela entraînera des douleurs constantes, contre lesquelles aucun remède n’a été trouvé. Il vit ces douleurs avec discrétion, ne voulant pas faire peser sur les autres ses propres difficultés.
À la Maison Soins et Repos, il a une très belle présence, souriante et positive. Il anime les chants de la messe avec un vrai sens du service, car cela ne lui est pas très naturel ! Mais, surtout, il ne manque jamais d’apporter la communion, de confesser ou de donner le sacrement de malades aux compagnons souffrants ou mourants. Il est, un peu, notre aumônier « maison ». D’une profonde humilité, son sourire et sa grande bonté se sont manifestés jusqu’à la fin de sa vie pour les compagnons comme pour le personnel soignant. Il est attentif à tous, se donnant, entièrement, ne gardant rien, ne demandant rien. Michel incarne l’idéal du compagnon de Jésus « doux et humble de cœur ». Dans les témoignages reçus à l’annonce de son décès, on lit sa grande bonté, son sens de l’accueil et sa fidélité dans l’amitié.
Bruno MARCHAND sj et Sylvain CARIOU-CHARTON sj