Né à Caluire en 1929 dans une famille franco-suisse, Michel entre au noviciat en 1947, un peu par hasard, disait-il : il suivait les conseils d’un ami qui se disait prêt à y entrer… et qui n’est pas venu ! Après l’habituel parcours de formation, il est envoyé en 1962 à la revue Études, où il se spécialise en sociologie de la télévision. Il s’intègre au CECMAS (centre d’études des communications de masse), où il rencontre Edgar MORIN, Roland BARTHES… et se lie d’amitié avec le sulpicien Jules GRITTI. Après sa thèse (soutenue en 1968) sur « la télévision des adolescents », il commence une intense vie professionnelle comme chercheur à l’ORTF, puis à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), publiant des études sur les comportements et attentes des téléspectateurs ; il acquiert vite la conviction que ces attentes sont bien plus diverses que ne le pensent certains intellectuels, qui méprisent la « dictature de l’audimat » et voudraient faire de la télévision un outil au service de la « grande culture », la leur. Sur ses convictions et ses découvertes comme chercheur, on peut lire son interview : https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2004-2-page-195.htm. Reconnu par ses pairs comme un expert des mesures de l’audience, il devient en 1985 directeur des études d’opinion à TF1, puis à Antenne 2, enfin à la présidence commune des chaines publiques. Il publie plusieurs ouvrages, dont un, pour l’Unesco, sur les télévisions du Japon et de Bulgarie.
Cette activité professionnelle n’écarte pas Michel de la vie paroissiale, qu’il aime et exerce comme un vrai service spirituel. Chaque vendredi soir, il part vivre jusqu’au dimanche midi un ministère de « prêtre modérateur » dans des paroisses du diocèse de Versailles (Voisins-le-Bretonneux, Saint-Quentin en Yvelines, Plaisir). Il y développe les relations œcuméniques. Repéré pour la qualité de ses homélies (qu’il émaille volontiers de sentences de la sagesse hassidique), il est parfois demandé pour la messe radiodiffusée sur France Culture. Il aime transmettre son expérience en ce domaine aux jeunes jésuites, dont plusieurs gardent en mémoire son principal conseil : « Arrêtez- vous avant la fin ! ».
À l’âge de la retraite, Michel est appelé à servir les revues de la Compagnie : Études d’abord, puis, de 1995 à 2010, Croire aujourd’hui, où ses réponses aux questions des lecteurs sont appréciées ; il y publie aussi des commentaires du Credo et du Notre Père.
En 1994, ayant implanté à Bondy la première communauté jésuite dans le diocèse de Saint-Denis, il devient « prêtre modérateur » à Villemomble, puis « délégué diocésain pour les nouvelles croyances et dérives sectaires ». La communauté ayant été transférée en 1999 à Saint-Denis, il y assure un ministère d’écoute dans les églises, en particulier de personnes se disant tourmentées par des esprits mauvais.
Homme d’une grande culture, Michel aime l’Italie, où il passe presque toutes ses vacances. Musique, littérature et, surtout, cinéma : rien ne lui était étranger. Chaque dimanche, en quittant sa paroisse, il va au cinéma. À Saint-Denis, sa parfaite maîtrise de la langue l’a fait apprécier comme bénévole au Cised. La vie communautaire a été importante pour Michel. Attachant un grand prix à la vie ordinaire et à la qualité de l’échange fraternel, il choisit de ne vivre, de 1975 à 2014, que dans de « petites communautés » : Paris-Épinettes, Vanves-Lycée, Bondy, Saint-Denis.
Ses compagnons se souviennent d’un frère plein d’humour (« Ne racontez pas vos rêves : les freudiens prendraient le pouvoir »), de douceur, de profond respect des personnes. Un homme humble, qui aimait les humbles.
Christian MELLON sj