Né à Pontivy en Bretagne, seul garçon au milieu de quatre sœurs qui entreront toutes au Sacré-Cœur, il étudie, au gré des affectations de son père, officier de cavalerie, dans les collèges de Saumur, Metz, Lyon et Sarlat. A la fin de la guerre, il décide de s’engager dans la Compagnie de Jésus en exprimant le souhait de partir en mission. Orientation qui est acceptée ! Lui-même vivra cela comme l’engagement de sa vie – et symboliquement il renoncera alors à son sport favori : l’équitation.
En 1952–54, il est envoyé comme régent au Collège St-Michel à Tananarive. On est alors sous le régime colonial, avec séparation des élèves malgaches et des élèves européens (« vazaha »). Après sa théologie en Belgique, il revient à Tana à l’aumônerie catholique universitaire où il travaillera jusqu’en 1967, puis entre 1991 et 1995. On peut dire de lui qu’il est le fondateur de l’Aumônerie catholique universitaire de Madagascar.
Paul-François s’est investi dans deux domaines : l’éducation et l’action pastorale. 14 ans au service du Collège St-Michel : régent, deux fois recteur, et toujours enseignant la philosophie aux Terminales. Il a profondément renouvelé le collège St-Michel, tant dans l’enseignement que dans l’éducation, y inscrivant dans les cœurs et sur les murs l’idéal ignatien du magis. La philo était pour lui un moyen d’éducation primordial. Il a publié deux petits volumes à l’usage des étudiants, encore en librairie. Il a aussi donné des formations en philosophie entre autres au « Saint-Cyr » malgache, au Grand Séminaire et au Scolasticat jésuite.
Parallèlement pendant 40 ans, à Ankadivato, il a en charge, dans une même église, deux communautés paroissiales (malgachophone et francophone) : ce travail de rassemblement d’un peuple très dispersé sur la ville permet de se reconnaître dans une communauté fondée sur le Christ ressuscité. Fêtes et célébrations des grands moments de la vie, aide à la scolarisation des plus pauvres de la paroisse, groupes de réflexion et de prière…
En 1995, il rallie le Centre spirituel St-Ignace, comme directeur de la maison, puis supérieur de la communauté, et enfin économe et bibliothécaire. Pendant les 21 années passées à St-Ignace, il aura publié une série de feuillets sur des points de vie spirituelle appuyés sur la liturgie et toujours imprégnés d’un éclairage ignatien.
En 2016, son retour en France se décide rapidement et surprend tout le monde aussi bien à Madagascar qu’en France. Il arrive en territoire inconnu et lui-même vit cela comme un déracinement difficile à surmonter et qui retentit sur sa santé. Après 60 ans « au Pays », ne peut-on pas dire de Paul-François qu’il est la graine de choix tombée en terre malgache et qui a produit le cent pour un, selon le désir du Seigneur !
Thierry GEISLER sj (Lille-Stations), Nicolas PESLE sj (Madagascar) et Arnauld de MIOLLIS