Pierre Gérard est né le 23 août 1925 à Granges-sur-Vologne, dans les Vosges ; il était le quatrième enfant de sept frères et sœurs. Le père de Pierre, Raymond, était chef-comptable dans une usine textile ; la maman, Hélène, veillait sur les enfants et la maisonnée. Pierre fait ses études secondaires au petit-séminaire diocésain, ce qui permet de croire qu’il avait dans sa tête l’idée de devenir prêtre, voire missionnaire à la suite de sa sœur, Marie-Thérèse, et de son oncle, lui aussi missionnaire du Saint-Esprit et d’ailleurs enterré à Saint-Pierre-et-Miquelon.
A la sortie du petit-séminaire, Pierre fera trois années de grand séminaire avant de décider d’entrer dans la Compagnie de Jésus, sans doute avec le désir d’aller en mission. Il rejoindra le noviciat jésuite à La Croix-sur-Ourcq en octobre 1945 ; il y arrivera par le même train que Gérard Pierré de retour depuis peu du camp de Dachau ; ce sera le début d’une grande confusion postale entre eux deux !
Entre sa philo et sa théologie, Pierre fera sa régence à Madagascar : deux années, plus une troisième consacrée à l’apprentissage du malgache. Après trois années de théologie, Pierre est ordonné en 1956 ; après son troisième an, il fait une formation le préparant au métier de journaliste.
A partir de 1958 on le retrouve à Fianarantsoa (Madagascar) où va lui être demandé de devenir rédacteur de l’hebdomadaire « Lumière » : pendant quinze ans, de 1959 à 1975, il commentera et rendra compte de l’activité sociale et politique de Madagascar ; il se comportera un peu comme un médecin, observateur attentif du pays qui l’accueille : il informe, il avertit, il encourage et quelquefois critique : « J’ai eu le privilège de rencontrer souvent le P. Gérard qui était alors directeur de l’hebdomadaire « Lumière » connu et reconnu dans tout Madagascar et jusqu’à Maurice et La Réunion. Avec le P. René Claude Andriamihaja, directeur de l’hebdomadaire Lakroan’i Madagasikara et leur correspondant à Tananarive, le P. Rémi Ralibera, il était au cœur d’une équipe unie par une profonde amitié et dont le professionnalisme faisait autorité. Malgré les difficultés de trouver des informations, et les tracasseries de la censure gouvernementale, le P. Gérard arrivait à nous informer de ce qui se passait à Madagascar, dans le monde et dans l’Église. Les analyses pointues et les jugements équilibrés mais lucides de ses articles toujours soignés nous permettaient d’y voir un peu clair », témoigne François Battez. Tout le monde n’apprécie pas cette façon de faire ; alors, il se retire sans éclats. Mais sans renoncer à son métier de journaliste : on le retrouve à Radio Vatican de 1975 à 1985.
En 1985, retour en France et au journalisme écrit : il devient rédacteur en chef de la revue Missi ; cela pendant quatre ans. En 1991, il retrouve Rome et Radio Vatican où il restera jusqu’en 2005 : tous les jours, il enregistre une émission d’information à 17h. Une fidèle auditrice de Radio Vatican, Madame MANGIN, se souvient de l’avoir entendu commenter un voyage de Jean-Paul II en Amazonie : pour une raison technique, l’avion du pape n’avait pas pu atterrir alors qu’une foule était massée pour l’accueillir. Dans l’avion, Pierre décrivait de haut cette foule massée et attendant en vain que le pape vienne les visiter…
En 2005, Pierre a 80 ans ; un bel âge pour prendre sa retraite ; mais Pierre, de retour en France, à Nantes, va faire de l’accompagnement dans le cadre des chemins ignatiens. En 2014, il arrive à la rue des Stations ; sa santé lui cause des soucis : il a du mal à parler et à se faire entendre.
Nous avons été témoins d’un compagnon participant à la vie de communauté, luttant jusqu’au bout pour garder son autonomie, ouvert sur le monde et la vie de l’Église par la télévision, mais ayant de plus en plus de mal à respirer et à parler ; après un bref séjour à l’hôpital fin juillet, il revient chez nous fatigué, pas de vivre, mais de lutter. Il décède le 29 juillet, jour du soixante sixième anniversaire de son ordination sacerdotale. À Dieu, Pierre !
P. Thierry Geisler sj,
Lille – Stations