René LAFONTAINE est né le 1er mai 1938, à Etterbeek, à l’ombre du collège Saint-Michel, où il fait ses humanités. Il entre au noviciat le 7 septembre 1956 et suit la formation classique, mais avec quatre années de régence, une à Godinne et trois à Mons.
En 1967, il commence la théologie à Eegenhoven. L’année 68 est secouée par les mouvements de contestation, l’aggiornamento de Vatican II et, à Louvain, par les mouvements flamands au sein de l’université. René s’engage très activement dans la réforme des études théologiques conçue et mise en œuvre par le Père Albert CHAPELLE, qui aboutit, la même année, à la création de l’Institut d’Études Théologiques à Bruxelles (IÉT). Assistant dès 1970, René est ordonné le 27 juin 1970. Il fait le Troisième An dans la vie courante, et achève sa formation par le doctorat en théologie à Chantilly.
Toute la carrière de René LAFONTAINE se déroulera à l’IÉT et dans la communauté du théologat. Il est professeur de théologie dogmatique, charge qui se décline à travers des séminaires, des cours et la direction de travaux d’étudiants. Il l’assumera jusqu’à sa retraite, en 2016. Le professeur y joint, pour des périodes déterminées, d’autres responsabilités : président de l’IÉT (1988-2004), coordonnateur du secteur théologique, supérieur de la communauté, collaborateur du Centre spirituel de La Pairelle. De cette fidèle présence à l’IÉT, l’on retient encore la conception du grand auditoire et la rénovation de la chapelle.
Homme solide et vigoureux, René LAFONTAINE a la passion du vélo. Avec son modèle de course, en compagnie d’amis (notamment jésuites), il franchit de nombreux cols des Alpes et des Pyrénées. Mens sana in corpore sano.
Très apprécié comme prédicateur des Exercices Spirituels, dont il est un fin connaisseur, et comme accompagnateur spirituel, il a « une belle humanité ». Homme de prière, à la fois rigoureux et d’une grande sensibilité, il n’hésite pas à montrer ses émotions intérieures lors de ses homélies. Une amie témoigne à ses funérailles : « Un soir de Noël, le Père René célèbre la messe en prison. Quand les détenus sont installés dans la chapelle, il quitte l’autel pour s’approcher d’eux et les regardant, il leur dit : “N’y-a-t-il rien de plus triste que de fêter Noël en prison ? ” Et il fond en larmes. Ces larmes inattendues ne choquent personne. Au contraire, elles rejoignent tous les cœurs meurtris […] ».
À partir de 2014, René LAFONTAINE est surtout écrivain. Son champ d’étude préféré est le 16e siècle, l’époque de saint Ignace et le contexte spirituel et théologique dans lequel celui-ci s’inscrit. Ses ouvrages principaux ont pour titre L’originalité des Exercices d’Ignace de Loyola et Martin Luther et Ignace de Loyola (Lessius, 2016 et 2017).
En 2017, il rejoint la communauté Saint-Claude La Colombière, tout en poursuivant la recherche et la réflexion. Une surdité sévère rend les rapports sociaux plus difficiles et l’isole un peu dans son monde. Il reste toutefois adepte de la marche quotidienne. Son état de santé se détériore voici deux mois et nécessite une hospitalisation. Rentré en communauté, il reste alité quelques jours et s’en est allé paisiblement, le 24 avril. La communauté de l’IÉT et ses proches rendent grâce à Dieu pour sa vie toute donnée et, en particulier, pour toutes les lumières spirituelles et théologiques qu’il a partagées à ses étudiants et aux personnes qu’il accompagnait.
Jean-Marie FAUX sj