Le Père Roger LANGLOIS est né le 2 janvier 1922 à Barenton, en Normandie, il était le fils aîné de Léa DAVEAU et d’Édouard LANGLOIS, horloger. Roger fait ses études secondaires à Caen ; d’abord au collège Saint-Joseph, puis, pendant cinq ans, au petit séminaire. Il passe son bac lettres-philosophie en 1941 ; il a dix-neuf ans. Du fait de l’armistice, il n’y a plus de conscription, aussi Roger peut entrer en octobre de la même année au noviciat jésuite de Laval. Interruption en 1943, par l’envoi au STO. Sous couvert de travail au service de l’industrie de guerre allemande, Roger commet des actes de résistance assez violents (c’est ce qu’il laissait entendre sans vouloir en dire plus). Soupçonné, il rentre clandestinement en France, en septembre 1944. La libération de la France est en cours, Laval est libérée. De retour au noviciat, Roger prononce ses premiers vœux et continue sa formation, ce qui lui permet d’obtenir une licence ès Lettres en 1946. Suivent trois années de philosophie et quatre années de théologie avant son ordination.
Au vu de sa formation, Roger est envoyé au collège de Vannes, où il exerce ses dons d’enseignant en lettres, mais aussi en sport, sans oublier une certaine capacité à se faire obéir. Quand la discipline se relâche, on fait appel à lui : « Toujours sa pipe à la bouche dans les couloirs ou au bord des stades. Avec autant d’autorité que de cœur. Il a marqué beaucoup d’élèves. »
Après vingt et un ans au collège de Vannes, Roger va exercer un ministère pastoral. D’abord en Corse, à Bastia comme préfet de l’église du Sacré-Cœur, tout en étant supérieur de la communauté ; puis, à partir de 1987 comme curé de Lalouvesc en Ardèche pendant treize ans. Il y sera apprécié non seulement comme curé, mais aussi pour ses dons de musicien et de sportif qu’il met au service de l’harmonie municipale et de l’équipe de foot de Lalouvesc.
Arrive l’an 2000, Roger a 78 ans, il est temps de quitter sa charge de curé en Ardèche. Il pense encore pouvoir se rendre utile en pastorale, là où on aurait besoin de lui. Il se souvient qu’il a bénéficié de cinq années au petit séminaire de Caen et qu’à ce titre, il a une dette envers le diocèse : il va exercer la charge de curé à Saint-Martin de Besaces pendant huit années. Puis vient le temps de prendre des charges plus légères : services en paroisses et aumônier de la Visitation à Caen.
Lorsque sa santé l’oblige à renoncer à exercer toute charge pastorale, Roger arrive à la Maison Saint-Jean de Lille. Malgré ses ennuis de santé, il est encore vaillant et loge au cinquième étage, participant à la vie de la communauté, soignant sa santé, gérant sa vie de tous les jours tout en gardant des liens familiaux, en particulier avec ses neveux et nièces. Prenant conscience que sa vue baissait et qu’il avait de plus en plus de mal à se mobiliser, Roger demande à être intégré à l’EHPAD, ce qui signifie changer de chambre, accepter d’être aidé pour la vie de tous les jours. Il vit tout cela sans se plaindre. Le plus dur réside dans sa quasi-cécité et le fait de ne plus pouvoir se déplacer qu’en fauteuil roulant. Petit à petit, la fatigue augmente. Le 30 août, il devient clair que Roger est sur le seuil du grand passage. Après avoir reçu le sacrement des malades, Roger s’en va doucement rejoindre son Créateur et Seigneur.
Thierry GEISLER sj