L’éducation jésuite ? Je suis « tombée dedans » quand j’étais toute petite, avant même d’entrer à l’école ! Mon père était président de l’association des parents du Collège « jésuite » Notre-Dame de la Paix à Namur. À ce titre, il comptait plusieurs jésuites parmi ses amis, dont le Père Jacques Daiche sj, qui venaient régulièrement à la maison.
Imprégnée par la pédagogie ignatienne
Entrée au Collège à l’âge de six ans, j’y suis restée jusqu’à la Rhétorique (ndlr : Terminale). J’ai poursuivi mes études et l’essentiel de mon parcours professionnel aux « Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix », maintenant rebaptisées « Université de Namur ». J’ai donc bénéficié de l’éducation jésuite et ai été imprégnée de la pédagogie ignatienne depuis toujours. Plus tard, j’ai été confrontée à d’autres manières de fonctionner, à d’autres univers. C’est alors que je me suis rendu compte de la singularité de ce monde dans lequel j’avais été élevée.
Découvrir ses forces sans craindre sa vulnérabilité
Deux événements marquants ont boosté mon engagement. Il y a huit ans, lors d’un voyage de sensibilisation à Bukavu (RDC) et à Bujumbura (Burundi), organisé par la FUCID – une ONG de l’Université de Namur – et le Père Marcel Rémon sj, j’ai été confrontée aux violences sexuelles faites aux femmes. Cet électrochoc m’a réveillée et a marqué un tournant dans ma vie. Depuis, j’ai la chance d’y retourner presque chaque année et de donner des cours à l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu.
Le second tournant remonte à trois ans, lorsque j’étais présidente de l’Assemblée Générale de l’Université de Namur. Le Père Franck Janin sj, alors Provincial de Belgique méridionale et Luxembourg, m’a proposé de suivre une formation au leadership ignatien. Cette formation, dirigée par le Père John Dardis sj, rassemblait une trentaine de laïcs et de jésuites venus d’Europe et du Liban. J’y ai trouvé la puissance d’une vision partagée, celle d’un réseau international qui œuvre pour une cause commune. J’y ai aussi découvert mes forces tout en ne craignant plus ma vulnérabilité, y puisant la motivation et l’inspiration pour assurer ma fonction actuelle de vice-rectrice en charge de la politique du personnel.
Connecter les gens entre eux
À travers l’enseignement des mathématiques, c’est surtout l’accompagnement et la formation humaine des jeunes qui me portent. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est de « connecter » les étudiants entre eux. C’est ainsi qu’ils apprennent à se connaître, à s’entraider et à progresser ensemble. C’est ce que je tente de faire également avec mes étudiants africains et belges. C’est un esprit que je tente de susciter de façon plus large maintenant, entre mes collègues, les membres du personnel de l’Université de Namur.
Remuer les consciences, accompagner vers plus d’humanité et d’altruisme, vers plus de respect de soi et des autres, c’est aussi le fil rouge qui me guide.
Annick Sartenaer
Source : Échos jésuites • no 2018-4, p.19
Annick Sartenaer est Première Vice-Rectrice à l’Université de Namur et Professeure au Département de mathématique
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