Pierre Chongk, jésuite

Portrait : Pierre (Petros) Chongk sj

Je vais me présenter en deux temps : avec une petite biographie reprenant les dates principales de ma vie, puis avec les grandes étapes et ce qui m’a habité de façon intime. Tout cela constitue ce que je suis aujourd’hui.

Pierre ChongkPetite biographie sommaire

Je suis né à Séoul, en Corée du Sud, en 1977 et je suis arrivée à Athènes, en Grèce, à l’âge de 7 ans. Après mes études secondaires, j’ai travaillé dans le restaurant de mes parents en tant que manager pendant deux ans, puis j’ai fait mon service militaire en Grèce en 1998. Je suis entrée au noviciat jésuite à Lyon en 2000. Deux ans plus tard, j’ai commencé mon premier cycle au Centre Sèvres à Paris, et en 2006, j’ai fait ma régence en Grèce, puis entamé mon deuxième cycle au Centre Sèvres. J’ai été ordonné prêtre en décembre 2010 et j’ai fait mes derniers vœux le 5 septembre 2020, en temps de pandémie.

« Être ou ne pas être ?», « Qui suis-je ?  »

Cette phrase de Shakespeare dans Hamlet ne se situe pas tout à fait dans la question de son identité, mais j’ai trouvé qu’elle exprimait bien mon inquiétude intérieure avant d’entrer au noviciat. Ce thème est constant dans ma vie jusqu’à aujourd’hui.
Je suis né d’un pays οù le confucianisme a marqué la mentalité coréenne : la tradition, l’honneur, la discipline, le devoir et le devoir filial envers ses parents, le fait de ne jamais perdre la face devant les autres… tous ces éléments constituent ce qui fait la vie de chaque coréen. En habitant en Grèce, j’ai appris à questionner et critiquer comme les philosophes, à être curieux comme les premiers historiens Hérodote et Thucydide, à me battre pour ce en quoi je crois envers et contre tout comme Ulysse… Héritier de tous ces éléments culturels merveilleux, je me suis trouvé à 17 ans devant une aporie : « Qui suis-je ?  »

«Connais-toi, toi-même»

Pendant trois ans, j’ai essayé de trouver la réponse à cette question en discutant avec des amis, des hommes savants, en lisant des livres. Mais je n’ai pas trouvé de réponse qui satisfaisait mon cœur et mon esprit. Mais un dimanche, en allant à l’église, Dieu m’a illuminé avec sa réponse. Je m’en souviens comme si c’était hier : dans l’assemblée il y avait plein de Grecs, Philippins, Albanais…
J’ai été soudain frappé par cette diversité de gens venant de différents pays mais participant tous à l’Église, comme un seul et même peuple, pour célébrer le même Dieu pour tous.
Au moment de réciter le Notre Père, j’ai compris que nous étions tous fils et filles de Dieu. J’ai senti alors une consolation forte, une présence de Dieu comme Père qui serrait dans ses bras tous ces gens venant de vies et cultures différentes. J’ai commencé à répéter plusieurs fois, comme une prière,  «Je suis un enfant de Dieu». C’était la réponse que je cherchais.

Mon cœur et mon esprit se sont apaisés et j’ai rendu grâce à Dieu. J’ai compris que nous faisions tous partie d’une grande famille mondiale sous le regard aimant de Dieu notre Père. C’était aussi ma première expérience de l’église catholique. Cette identité nouvelle de la filiation avec Dieu a réconcilié toutes les cultures que je portais en moi.

«Qui suis-je pour vous »

Les Exercices spirituels de trente jours durant mon noviciat m’ont ouvert à une autre question : celle posée par le Christ lui-même « Qui suis-je pour vous ?».  J’ai alors pu répondre : « Tu es mon Seigneur et Compagnon de route ». La question « Qui suis-je » s’est ancrée profondément dans la rencontre de manière profonde avec le Christ.

« A la rencontre des autres, de Dieu et de moi-même »Pierre Chongk

Ces deux découvertes du « soi » et du Christ m’ont amené à faire découvrir cette richesse à travers les Exercices spirituels et surtout la relecture spirituelle aux enfants du catéchisme pendant ma régence. Les jeunes venant de différents pays – Albanie, Roumanie, Pologne, Bulgarie- vivaient une tension entre leur culture et la culture grecque. Je voulais les aider en leur montrant qu’à travers la foi, et avec  la grâce de Dieu, on peut réconcilier les deux et se découvrir soi-même. A partir de là, ils pouvaient entrer à petit pas dans une intimité avec Dieu.

Créer des ponts entre les gens qui portent en eux différents cultures est un travail constant jusqu’à aujourd’hui que ça soit dans la paroisse ou dans le centre Pedro Arrupe où j’ai fait du soutien scolaire aux enfants réfugiés et immigrants.

Grace à Dieu et grâce à la Compagnie de Jésus, j’ai pu tout au long de ma vie me connaitre moi-même, puis découvrir une famille universelle, puis rencontrer des enfants de Dieu prêts à se découvrir eux-mêmes et Dieu.
Cette recherche de soi rejoint toujours celle de Dieu. Elle ne ne s’arrêtera jamais et restera comme un désir brûlant jusqu’au jour où nous nous rencontrerons tous autour de Jésus Christ notre premier Compagnon .

Pierre Chongk Tzoun Chan sj

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