Dans L’Amazonie bien-aimée, la récente exhortation post-synodale du pape François, on retrouve les principaux thèmes débattus lors du synode d’octobre. Le P. François Euvé sj, rédacteur en chef de la revue Études, et le P. partagent leurs impressions.
François nous livre un rêve, ou plutôt son rêve, pour l’Amazonie, les peuples autochtones et l’Église en ces régions isolées. Pour le P. François Euvé sj, l’Amazonie y apparaît comme un laboratoire pour l’Église universelle.
L’Amazonie, un laboratoire pour l’Église universelle
C’est un territoire particulier, « exotique » à bien des égards, mais aussi significatif de nombreuses questions qui nous concernent, sociales ou ecclésiales. D’emblée, le pape précise son souhait que « toute l’Église se laisse enrichir et interpeler par ce travail » (4).
L’exhortation est le fruit du débat synodal, qui lui-même était le fruit de nombreux débats et consultations présynodales. C’est bien la mise en œuvre de la « culture de la rencontre » (61) qui est, une fois encore, louée dans l’exhortation (l’identité s’approfondit dans le dialogue : 37). Il ne s’agit pas de projeter une doctrine intemporelle sur une réalité mouvante, mais de se mettre à l’écoute de ce que l’Esprit nous dit à travers les mouvements du monde.
Il est frappant de voir à quel point l’idée de pluralité est récurrente. L’Amazonie est « une totalité plurinationale interconnectée » (5), un « polyèdre » (29). C’est ainsi que l’Église peut présenter des « visages multiformes » (6). Le christianisme « n’a pas un modèle culturel unique » (69 ; citation de l’exhortation Vita consecrata de 1996).
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Un rêve social, culturel, écologique et ecclésial
« Le rêve du pape se déploie comme un fleuve : chaque « rive » est reliée aux autres », explique le P. Marcel Rémon sj, directeur du Centre de recherche et d’action sociales (CERAS).
Une fois encore, le pape François nous a surpris ! Alors qu’on attendait une exhortation post-synodale reprenant les recommandations, du moins certaines d’entre elles, qui avaient fait consensus pendant le synode, François nous livre un rêve, ou plutôt son rêve, pour l’Amazonie, les peuples autochtones et l’Église en ces régions isolées. Pour marquer l’importance du travail synodal et son document final « Amazonie : Nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale », le Saint Père dit avoir « préféré ne pas citer ce Document dans cette Exhortation parce que j’invite à le lire intégralement. » (QA 3)
Que retenir de cette exhortation ? Une vibration surtout, un souffle, un mouvement. L’Amazonie est d’abord un fleuve avant d’être un biome, tout comme le fleuve Congo, le Gange, le Yangtsé ou le Nil. Et l’exhortation nous y entraîne, comme on descend ou remonte un fleuve. À nous de contempler ce qui est donné à voir. À nous d’entendre les mélopées venues des rives. À nous d’être blessés par les cris des peuples et de la forêt.
François aime le peuple Amazonien depuis longtemps. Il en avait témoigné lorsqu’étant archevêque de Buenos Aires, il a pris une part active dans la cinquième rencontre des évêques d’Amérique du Sud et des Caraïbes à Aparecida au Brésil, rencontre dont les réflexions ont largement nourri les échanges du synode.
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Pour approfondir
Querida Amazonia, ce qu’ils en pensent : article du journal La Croix du 13/02/2020 > Lire l’article
Avec les analyses d’Anne-Marie Pelletier, théologienne au Centre Sèvres et du P. François Euvé sj, rédacteur en chef de la revue Études
Cardinal Czerny: aimer l’Amazonie et ses peuples pour sauver la planète : article de Vatican News du 12/02/2020 > Lire l’article
Le cardinal-Secrétaire spécial du Synode pour l’Amazonie présente l’exhortation que le Pape a achevée en décembre dernier et publiée aujourd’hui. Elle contient quatre grands «rêves» de François pour la région, dont celui d’une Église missionnaire au visage amazonien.