S’inspirant de la sagesse biblique, cet ouvrage du P. Paul Valadier sj fournit des références pour les démocraties modernes afin qu’elles assument leurs missions et qu’elles évitent les attentes excessives envers les pouvoirs. Il évoque notamment l’idée du contrat liée à l’Alliance, l’idée de souveraineté empruntée à la théologie ou encore la nature divine de l’autorité.
La pensée politique s’est beaucoup inspirée en Occident de l’Antiquité grecque et romaine ; elle a souvent négligé l’apport biblique (Jérusalem). Or il y a grand intérêt à s’inspirer aussi d’une sagesse millénaire, fruit des expériences des Hébreux, tout autant que de l’enseignement évangélique. En particulier, et pour le dire grossièrement, la sagesse biblique met en garde à l’égard des attentes excessives envers les pouvoirs ; elle souligne avec force que tout pouvoir est reçu (Salomon), ce qui met à mal les thèses identifiant religion et hétéronomie. Elle le dépossède de lui-même, en lui fixant des missions précises et limitées dans leur ordre. Ce qui fournit aux démocraties modernes des références fécondes à la fois pour éviter les débordements, pour assumer leurs tâches spécifiques, pour ne pas désespérer d’une histoire jamais abandonnée à elle-même (idée de Providence contre philosophie de l’histoire, ou espérance contre nihilisme). Le livre a finalement l’ambition de redonner force à des sources de pensée que la philosophie a feint de repousser alors qu’elle s’en inspire plus qu’elle ne le dit (idée du contrat liée à celle, biblique, de l’Alliance, idée de Souveraineté directement empruntée à la théologie, comme Jean Bodin, et bien d’autres).
Paul Valadier est né à Saint-Etienne en 1933. Il entre chez les jésuites après le bac et s’inscrit parallèlement en philosophie à l’université. Sa thèse de philosophie, dirigée par Paul Ricoeur est consacrée à Nietzsche sera publiée en 1974 sous le titre Nietzsche et la critique du christianisme. Il est également docteur en théologie. Il enseigne à Sciences-Po de 1979 à 1989. Il est également professeur de philosophie morale et politique à l’université jésuite de Paris, le centre Sèvres dé 1970 à 1997, à l’institut catholique de Paris de 1990 à 1997 et à l’université catholique de Lyon. Il a également été rédacteur-en chef de la revue jésuite Etudes, de 1981 à 1989 et dirige les archives de philosophie. Connu pour des positions libérales et progressistes sur la doctrine de l’église et les problèmes de société, il défend une écoute et un dialogue sur tous les sujets de morale personnelle, car pour lui la conscience morale est liée à la liberté. Il a publié une vingtaine d’ouvrages sur la philosophie politique, Détresse du politique, force du religieux en 2007, son maitre Jacques Maritain, la place de l’homme dans la création, L’exception humaine, Nietzsche, son philosophe de prédilection à qui il a consacré plusieurs études en dehors de sa thèse et un titre qui résume sans doute sa conviction de la nécessité d’un dialogue ouvert, La part des choses, compromis et intransigeance.
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