Alors que nous vivons cette année le carême dans un contexte de pandémie, le père Clément Nguyen sj nous invite à vivre une fraternité de proximité, de façon bien réelle, de près comme de loin. Dans le secret de nos prières, de nos gestes de tous les jours, laissons Dieu agir au travers de nos cœurs en les tournant vers le Royaume.
Ce billet est à retrouver sur le site du Centre spirituel jésuite Manrèse.
L’entrée en Carême est bien sûr marquée par la pandémie Covid-19 qui sévit depuis plus d’un an. Depuis ce premier confinement en mars de l’année dernière, chacun, chacune, a vécu de près cette maladie, d’une manière ou d’une autre. En étant malade soi-même, parfois durement, en connaissant une personne, parfois proche, elle-même malade, voire même qui en est morte. On peut être touché de près aussi par les conséquences sociales et économiques de la pandémie, qu’on les éprouve soi-même ou qu’on en soit témoin dans notre entourage.
Le fait de voir, sentir, vivre de près les épreuves a suscité des élans de solidarité, de générosité. De près, la fraternité – qui fait partie de la devise de notre pays – n’est pas un vain mot, mais bien réelle. De même que l’aumône, le jeûne et la prière prennent sens de manière particulière : donner de son temps pour aider des personnes âgées et isolées, renoncer à des rencontres et des célébrations, prier pour les malades et ceux qui les soignent. On pourrait dire que la pandémie, dans son malheur, nous « aide » à vivre davantage la fraternité entre nous.
C’est une fraternité de « proximité », et on doit s’en réjouir. Le Pape, à la suite de saint François d’Assise, nous appelle à davantage, à fratelli tutti – tous frères. Pas seulement fratelli, mais fratelli tutti – il ne saurait y avoir de fraternité véritablement accomplie si elle devait rester partielle. La fraternité doit s’étendre à tous, à ceux qui sont près comme à celui, à celle qui est au loin. Au loin comme au Moyen-Orient, en Afrique, en Birmanie ; au loin comme dans un siècle, deux siècles, dans les générations futures. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, écrivait le 15 janvier : « Les gouvernements ont la responsabilité de protéger leurs populations, mais le « vaccinationalisme » est voué à l’échec et ne fera que retarder un relèvement à l’échelle mondiale. On ne viendra pas à bout du COVID-19 si chaque pays agit de son côté… Nous ne pourrons vaincre le virus que d’une seule façon : en étant unis. » On peut en dire autant pour tous les maux, et notamment écologiques, qui affectent notre monde.
Élevons notre regard vers ceux qui sont au loin, dans le tumulte de notre quotidien, au secret de nos prières, de nos gestes de tous les jours, d’aumône ou de jeûne. Ne perdons pas de vue ces hommes et ces femmes qui prennent si peu de place sur nos écrans. A travers des cœurs ainsi tournés vers le Royaume, Dieu agit puissamment, dans le secret, sans faire de bruit.
P. Clément Nguyen sj
Centre spirituel jésuite de Manrèse
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